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[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
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Discours
Discours de François Biltgen, ministre du Travail et de l’Emploi, à l’occasion de la 7e conférence régionale européenne de l’Organisation internationale du Travail à Budapest du 14 au 18 février 2005

Date du discours : 15-02-2005

Lieu : Budapest

Orateur : François Biltgen

Domaine politique : Emploi, politique sociale, santé, consommation


Monsieur le Président,

Che(è)r(e)s collègues,

Mesdames,Messieurs,

Permettez-moi d’abord de remercier le Bureau International du Travail et le Gouvernement hongrois pour l’initiative et l’organisation de cette Réunion régionale européenne à Budapest.

Mes remerciements vont ensuite au BIT et à son Directeur général, Monsieur Juan Somavia, pour la pertinence et la logique du choix des sujets, ainsi que la qualité des Rapports présents.

L’ordre du jour de la Conférence montre clairement l’interdépendance de plus en plus profonde de notre monde, non seulement au niveau géographique, mais aussi au niveau des domaines d’action politique.

Comme le Rapport du Directeur général propose des questions précises sur lesquelles devrait porter notre débat, je vais me tenir à certains aspects des questions posées. Je suis sûr que sous la conduite de notre Président, que je félicite et auquel j’apporte le soutien de mon Gouvernement les débats seront fructueux et que des démarches concrètes à envisager se reflèteront dans les documents finaux de la Réunion.

Je voudrais d’abord formuler deux remarques plus générales:

D’abord, j’estime qu’il est faux de tirer argument de la situation économique mitigée pour faire adopter des mesures consistant principalement dans l’abandon de la cohésion sociale. La protection sociale est et restera précisément un facteur de productivité, donc de compétitivité. Des salariés se sentant en sécurité seront performants. Ce n’est pas le cas de ceux craignant pour leur emploi, leur santé, ou encore leur pension.

Or, la protection sociale ne découle précisément pas automatiquement de la croissance économique. Il faut une politique volontariste combinant croissance, emplois de qualité, cohésion sociale et développement durable.

Mon deuxième souhait est que cette Réunion aboutisse à des perspectives de suivi concrètes. Pourquoi ne pas fixer les prochaines étapes, une espèce de road map,  débouchant sur une sorte de plan d’action, abordant thématiquement et géographiquement les sujets abordés dans le Rapport du Directeur général, sous le couvert du suivi du rapport Halonen-M’Kapa.

Quant aux sujets concrètement traités dans le Rapport :

Il est un fait qu’une bonne gouvernance garantit l’acceptance, voire le consensus sur des mesures nécessaires. Il n’est pas pensable d’imposer d’en haut des mesures qui seront en partie certainement impopulaires.

Le Gouvernement luxembourgeois plaide donc en faveur d’une gouvernance tripartite de la transition. Le Luxembourg a maîtrisé ses crises, les transitions nécessaires, grâce au tripartisme, sans grandes pertes ni économiques ni sociales. Certes, le processus peut s’avérer lourd et peut durer. Il garantit cependant la paix sociale, atout majeur pour tout site économique.

De manière plus générale, le dialogue social bipartite est tout aussi essentiel, tant au niveau national (accords interprofessionnels) qu’aux niveaux de l’entreprise et de ses sous - entités. D’ailleurs, mon Gouvernement, tablant sur une culture bien établie de dialogue social intra - entreprise, vient d’introduire la possibilité des accords interprofessionnels entre partenaires sociaux au niveau national, alors que ces derniers sont souvent les mieux placés pour trouver des solutions adaptées aux situations très diverses, notamment par secteurs.

Ainsi, des mesures visant la flexicurité ne peuvent être efficientes que si elles résultent d’un dialogue social efficient. Au Luxembourg, le cadre général de telles mesures résulte d’un accord tripartite au niveau national. Cet accord aboutissant annuellement au plan d’action "emploi" dans le cadre de la Stratégie européenne de l’emploi doit être mis en œuvre par le dialogue social bipartite aux niveaux appropriés.

Ce processus est par ailleurs la seule voie de procéder sans mettre en cause le tissu social, voire sociétal d’un pays.

D’un autre côté, les mesures de flexibilisation ne sont efficaces que si elles aboutissent d’une part à une contrepartie palpable et réelle de la part de l’entreprise (par exemple la garantie d’emplois ou la pérennité d’un site de production) et sont contrebalancées d’autre part par des mesures de sécurisation. L’abandon pur et simple, par exemple, de la législation de protection contre les licenciements abusifs est totalement contre-productive. Des salariés insécurisés n’acceptent pas la flexibilité et deviennent par ailleurs moins productifs.

Du point de vue économique, la sécurité est donc tout aussi importante que la flexibilité. Une flexicurité bien balancée assure, une stabilité de l’emploi dans l’entreprise, donc une stabilité de l’entreprise elle-même, tout en ouvrant les portes de l’emploi à des catégories vulnérables de travailleurs.

L’OIT devrait peut-être systématiser la divulgation des meilleures pratiques, une sorte de "peer review" donc, afin de faire un travail continu de persuasion.

Concernant le débat concernant l’emploi des jeunes et les travailleurs âgés, je trouve qu’il pourrait être recentré à l’avenir dans un grand débat unique portant sur les aspects intergénérationnels de l’emploi. En effet, il faut contrecarrer la discussion actuelle mettant en opposition les jeunes et les travailleurs âgés, tant lors de l’accès au marché de l’emploi que lors de l’exercice de l’emploi.

L’ acceptance est essentielle dans le cadre de cette discussion, notamment quant au taux d’activité des travailleurs âgés.

Je pense que les problèmes sont actuellement très mal exposés aux citoyens. Le débat est beaucoup trop technique. Il faut vulgariser la discussion et expliquer, de manière très simple, mais systématique, les défis se posant notamment sur le marché de l’emploi et dans le cadre du financement de la sécurité sociale.

L’OIT peut jouer un rôle dans le processus, dans une première phase du moins, explicatif et de sensibilisation.

Il faudra une approche globale. Elle présuppose une gestion intelligente du temps de travail sur le jour, la semaine, le mois, l’année et la vie aboutissant à faire de la place tant aux jeunes et aux plus expérimentés, tout en créant un cadre réaliste pour une prolongation de la vie active, dans des conditions acceptables. La façon de procéder actuelle des économies, aux niveaux micro et macro, est à mon sens illogique. On ne forcera pas la prolongation de la vie active si on n’adapte pas les conditions de travail.

Cette idée de partage intelligent du travail doit d’ailleurs aussi englober la réflexion sur les aspects du genre et les catégories fragilisées de travailleurs, dont les immigrés.

Par ailleurs, ce n’est qu’une telle répartition intelligente du travail disponible qui rendra possible des formations tout au long de la vie, la conciliation de la vie familiale et professionnelle, etc. … .

Comme une telle approche intégrée peut demander des sacrifices au uns et aux autres, seule une démarche de partenariat social peut constituer un instrument viable pour arriver aux réformes nécessaires.

Merci de votre attention




Dernière mise à jour de cette page le : 18-02-2005

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