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[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
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Discours
Discours de Jean-Louis Schiltz à la conférence des donateurs pour le Soudan à Oslo

Date du discours : 11-04-2005

Lieu : Oslo, Norway

Orateur : Jean-Louis Schiltz

Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures


Excellences,

Mesdames et Messieurs,

C'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui au nom de l'Union européenne.

J'aimerais tout d'abord, si vous le permettez, féliciter le gouvernement norvégien pour accueillir et organiser cette importante conférence.

Au cours des derniers mois, la communauté internationale a déployé des efforts considérables pour faire face aux conséquences du désastreux tsunami qui a déclenché un exceptionnel mouvement international de solidarité.

Cette conférence, et c'est une bonne chose, attire notre attention sur un autre continent et sur un autre pays, où des gens souffrent et où d'autres tragédies humaines se déroulent tous les jours et à grande échelle. Cependant, la crise du Soudan n'est pas la seule à avoir été oubliée pendant trop longtemps et nous devrions également être à l'écoute des immenses besoins d'autres pays du monde, de la république démocratique du Congo à Haïti, de la Tchétchénie à la Colombie.

Après 21 ans de ce qui a été, jusqu'à présent, l'un des conflits les plus longs et les plus meurtriers du continent africain, la signature de l'accord de paix global à Nairobi, entre le gouvernement du Soudan et le Mouvement Populaire de Libération du Soudan le 9 janvier dernier marque, nous l'espérons tous, le début d'une ère nouvelle au Soudan. J'aimerais rendre un hommage particulier à l'engagement de l’Autorité Intergouvernementale pour le Développement et à son négociateur en chef, le Général Lazarus Sumbeiywo, qui a largement contribué à la conclusion de l'accord de paix. La dynamique qui emane de cet évènement historique ne doit pas être perdue. Il s'agit d'une occasion unique de prendre des mesures pour le rétablissement de la paix et de la stabilité dans l'ensemble du Soudan. Nous ne devons pas laisser échapper cette occasion. Il faut la saisir sans plus attendre.

L'instauration d'une paix durable dans tout le pays est une condition indispensable à la stabilité, qui est nécessaire comme base solide pour le développement et le progrès au Soudan. Cependant, le Soudan ne sera pas seul à profiter de cette paix. Elle aura un impact important sur ses voisins, de la Corne de l'Afrique au Tchad et jusqu'à la région des Grands Lacs. La communauté internationale doit offrir un soutien inconditionnel à l'application continue de l'accord.

L'UE est déterminée à aider le Soudan à faire appliquer l'accord de paix de façon rapide et complète. Pour cela, elle offre un soutien politique ainsi qu'une aide humanitaire sur une base bilatérale et dans un effort commun via les Nations Unies. La création de la MINUS (Mission des Nations Unies au Soudan), telle qu'adoptée dans la résolution 1590 du Conseil de sécurité, est un progrès bienvenu vers une plus grande stabilité et la mise en œuvre de l'accord de paix global au Soudan. L'UE est prête à aider et assister les Nations Unies dans le déploiement rapide de la MINUS.

Dans ce contexte, nous encourageons les efforts du gouvernement soudanais et du Mouvement Populaire de Libération du Soudan pour faire appliquer l'accord de paix.

Je suis certain que toutes les parties concernées sont pleinement conscientes que l'ensemble de la communauté internationale se tient à leurs côtés pour suivre cette question de très près. Toutes les parties savent ce qu'elles ont à faire et j'aimerais souligner que les personnes assises autour de cette table sont les seules à qui l'on doit l'heureuse issue de ces efforts. Quoi qu'il en soit, j'aimerais tout de même dire clairement qu'il faut insister sur le fait que, comme par le passé, l'UE est prête à porter sa part du fardeau et à aider les autorités et le peuple soudanais si et quand cela est nécessaire.

L'UE est très préoccupée par la situation au Darfour et a donc contribué, dès le début de la crise, à atténuer les souffrances des habitants de la région et à tenter de résoudre le conflit via un cessez-le-feu effectif et des négociations politiques. Les violations massives et flagrantes des droits de l'Homme doivent prendre fin.

L'UE souhaite saisir cette occasion pour saluer en toute sincérité le rôle joué par l'Union africaine. Le renforcement et le déploiement complet de la mission de l'Union africaine sont une priorité. L'UE réaffirme son soutien politique et financier à l'Union africaine dans ses efforts de stabilisation de la situation au Darfour et de promotion d'une solution négociée.

Actuellement, l'UE est extrêmement préoccupée par les attaques constantes dont les civils sont la cible au Darfour, et je lance, au nom de l'Union européenne, un appel pressant à toutes les parties au conflit pour que les violations du cessez-le-feu de N’djamena, en particulier les attaques et abus contre les civils, cessent et pour qu'elles s'engagent de façon constructive dans les négociations d'Abuja, qui représentent la seule voie menant à une solution politique pour la région.

Le gouvernement du Soudan doit garantir le respect entier des droits de l'Homme, aussi au Darfour. Aucun village ne devrait être pillé et brûlé. Aucun homme ne devrait être abattu en sortant de sa maison ou, plus vraisemblablement, son refuge. Aucune femme ne devrait être violée dès qu'elle quitte la protection de sa maison pour chercher du bois pour le feu.

Dans ce contexte, j'appelle toutes les parties soudanaises à faire tout ce qui est en leur possible pour éviter d'autres violations des droits de l'Homme et du droit humanitaire international et pour faciliter l'approvisionnement de l'aide humanitaire. Les travailleurs humanitaires ne doivent pas être pris pour cibles. Ils doivent avoir accès, et ils ne doivent pas se voir empêchés, de quelque façon que ce soit, à distribuer l'aide fournie par la communauté internationale.

 En outre, le gouvernement du Soudan doit mettre en place les conditions nécessaires pour le retour dans la sécurité et sur base volontaire des réfugiés et des personnes intérieurement déplacées (IDP). Suite aux conflits dans le sud du Soudan et, plus récemment, au Darfour, on compte quelque centaines de milliers de réfugiés et environ deux millions d'IDP. L'UE reconnaît le rôle joué par les Etats voisins où ces personnes se sont enfuies et appelle le gouvernement du Soudan à prendre toutes les mesures requises pour un retour sûr de toutes ces personnes.

Avant tout, il doit être clair que les progrès faits dans l'application de l'accord de paix et les efforts du gouvernement soudanais et de toutes les autres parties pour résoudre le conflit du Darfour auront une influence indubitable sur le déblocage de capitaux par l'UE. A cet égard, il faut savoir qu'une normalisation entière des relations entre l'UE et le gouvernement soudanais restera prématurée tant que la violence se poursuit au Darfour, sous la responsabilité du gouvernement soudanais et tant qu'il restera réticent à satisfaire aux exigences fixées par le Conseil de sécurité des Nations Unies dans différentes résolutions.

Depuis le début des années 90, l'UE a offert son soutien au peuple soudanais en allégeant ses souffrances grâce à l'aide humanitaire et l'aide d'urgence. L'UE, par le biais de ses Etats membres et de la Commission, fait partie des plus gros donateurs pour le Soudan. L'aide humanitaire et d'urgence prévue par L'UE en 2005 dépassera les 370 millions d'euros. En outre, plus de 60 millions d'euros ont été mis à la disposition de la mission de l'Union africaine au Darfour par la CE. La crise au Darfour inquiète profondément la communauté internationale et en 2004, l'UE a transféré 326 millions d'euros vers cette seule région, dont 285 millions pour l'aide humanitaire et 41 millions pour la mission de l'Union africaine.

J'aimerais aussi insister sur le fait que, lorsque l'on se penche sur la question de l'appui à donner au Soudan, il ne faut pas oublier les camps de réfugiés des pays voisins ni les pays accueillant ces camps.

Enfin, je voudrais souligner que l'UE a joué un rôle collectif actif pour s'assurer que la situation au Soudan est portée à l'attention de la CPI et qu'elle se félicite du renvoi de la situation au Darfour devant la Cour Pénale Internationale. Il ne peut y avoir de paix durable sans justice. Ce renvoi, ainsi que les autres dispositions de la résolution 1593 des Nations Unies, représente un grand pas en avant dans la lutte contre l'impunité, la protection des droits de l'Homme, le respect du droit international et dans le processus global de réconciliation au Soudan. L'UE encourage fortement les autorités du Soudan et tous les Etats et parties concernés à coopérer avec la CPI.

En guise de conclusion, j'aimerais, au nom de L'UE, répéter une fois de plus mon appel le plus pressant à toutes les parties afin qu'elles saisissent cette occasion historique d'agir pour le rétablissement de la paix au Soudan dans l'intérêt de tous les habitants du Soudan et de la région.




Dernière mise à jour de cette page le : 13-04-2005

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