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[Luxembourg 2005 Presidency of the Council of the European Union]
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Interview
Minister for Foreign Affairs and Immigration Jean Asselborn on the major issues of the Presidency

Interviewee : Jean Asselborn

Interviewer : François Kirsch, Radio BFM Belgique

Date of Interview : 13-01-2005

Policy area : General Affairs and External Relations


In an interview with the Belgian radion station "Radio BFM Belgique", the Minister of Foreign Affairs and Immigration Jean Asselborn discusses the major issues of the Luxembourg Presidency, which are the examination of the stability and growth pact, the Lisbon process and the financial perspectives 2007-2013.


Radio BFM: Nous recevons aujourd’hui Jean Asselborn, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères. Jean Asselborn, bonjour.

Jean Asselborn: Bonjour.

Radio BFM: Nous allons examiner ensemble les grands enjeux de la Présidence luxembourgeoise de l’Union européenne, beaucoup d’enjeux à forte connotation économique, il y a la réforme du pacte de stabilité, la relance du processus de Lisbonne à mi-parcours et puis, surtout, le budget. Le budget qui apparaît vraiment comme une priorité, parce qu’il faut le boucler avant la fin de la Présidence. Pourquoi faut-il absolument le boucler avant la fin de la Présidence?

Jean Asselborn: Vous dites "il faut" - j’espère que tous les pays sont du même avis. Pour nous, c’est évident: on veut vraiment terminer au mois de juin, donc à la fin de notre Présidence. Pourquoi ? Mais parce que les programmes ont été décidés par la Commission, par le Parlement européen et ils doivent donc démarrer en 2007. Après nous, ce sera la Présidence de la Grande-Bretagne, puis de l’Autriche et de la Finlande, mais on sera déjà à la fin ou à la moitié de l’an 2006 et ce sera trop tard. Donc, idéalement, pour la Commission, pour le Conseil, [il s'agit de] terminer sous Présidence luxembourgeoise. Ce n’est pas que nous on est les meilleurs pour le faire, mais quand même, ce serait très important de donner les moyens à l’Europe pour se développer, pour faire les politiques qu’elle a décidées. Ce serait très, très important et je suis optimiste qu’on y arrivera, malgré tous les problèmes qu’on a.

Radio BFM: Oui, parmi les problèmes, cette fameuse barre du 1% du PIB communautaire. Les 6 pays les plus gros contributeurs veulent que le budget ne dépasse pas cette barre, alors que la Commission et les plus petits pays veulent que le budget dépasse le 1% du PIB communautaire. C’est vraiment ça, la base du problème ? Ce sera ça, la base des discussions ?

Jean Asselborn: Oui, mais c’est encore plus compliqué. Le Conseil a décidé que le maximum pourrait être 1,31 %. Donc, la Commission, elle est à 1,24%, les Six que vous avez nommés sont à 1 %, mais bon, ici à la radio, on ne peut pas négocier. Ce que moi je vais faire maintenant d’abord, étape par étape, c’est au prochain Conseil "Affaires générales", on va parler du point 1b, c'est-à-dire, on va parler de la politique de cohésion. Cohésion veut dire solidarité politique en Europe, donc partager [entre] les plus riches et les plus pauvres, les plus grands et les plus petits - et là, on verra les arguments se confronter. Et parmi les Six, il y en a qui disent 1%, oui, mais on ne peut pas négliger la politique de cohésion. Donc, vous voyez, c’est assez complexe, mais vous allez voir que dans les premiers deux mois rien d’extraordinaire ne se passera. Peut-être que les élections à Londres joueront un rôle important, mais on aura toujours, j’espère, un mois ou même un peu plus pour s’atteler alors plus intensément à la tâche et trouver, avec des arguments qui doivent convaincre, une solution appropriée.

Radio BFM: Oui, la politique de cohésion que vous évoquez, c’est également et surtout une question de financement. Le financement de l’élargissement, du dernier élargissement. Alors si on se retrouve en dessous de la barre du 1% du PIB communautaire, est-ce qu’on arrivera à financer cet élargissement?

Jean Asselborn: Vous avez tout à fait raison, l’Europe s’est donnée des ambitions, l’Europe s’est élargie. Hier, on était au Parlement européen. Tout le monde [nous a] dit: "il faut que l’Europe se donne les moyens". La Commission a dit que l’Europe se donne les moyens. Donc, les intérêts particuliers de certains pays, on peut les comprendre, mais si l’Europe veut réussir l’élargissement, si l’Europe veut faire plus en ce qui concerne la recherche, la formation, l’innovation, il faut qu’elle se donne les moyens. Dans certains pays - la France par exemple, en Belgique non, mais en France, au Luxembourg, dans d’autres - vous avez des référendums. [Il faut] donc élaborer, organiser un référendum. Et si quelqu’un vous demande: qu’est-ce que vous allez faire, quels sont les plafonds, quelles sont les enveloppes pour les dépenses, en ce qui concerne les dépenses principales de l’Europe, et on ne saurait répondre correctement, c’est quand même un désavantage énorme aussi.

Radio BFM : Autre gros dossier, la réforme du pacte de stabilité. On vient d’apprendre que le déficit allemand est, pour la troisième année consécutive, supérieur aux 3% du PIB, tel que fixé par le pacte de stabilité. Comment la Présidence luxembourgeoise va orienter les débats vers plus de flexibilité du pacte?

Jean Asselborn: Mais on va pas remettre en cause la structure et la philosophie du pacte. Il faut un pacte de stabilité et de croissance. Il y a des pays qui pensent que sans pacte de stabilité, tout serait mieux, et on aura une croissance de 10%. C’est faux. Évidemment - [sur ce point] tout le monde est d’accord - en période, disons, de croissance, il faut profiter pour payer la dette des pays. Et en période de moindre croissance, il faut que les investissements puissent être… qu’il soit possible de relancer les investissements et autour de cet axe de les combiner aussi avec la dette du pays. Donc la dette joue évidemment un rôle important, la dette globale, et on va tout faire pour trouver une solution raisonnable. Je suis beaucoup plus confiant encore qu’on y arrivera, parce que de tous les côtés, que les pays soient grands, que les pays soient petits, que les pays soient déjà longtemps dans l’Union européenne ou pas longtemps dans l’Union européenne, tout le monde peut être confronté à des problèmes. Mais si on trouve une solution, on ne peut pas remettre en cause la stabilité de l’euro.

Radio BFM: Oui, tout le monde peut être confronté aux problèmes, mais on voit que les sanctions adoptées sont différentes. L’Allemagne et la France qui ont dépassé le pacte de stabilité n’ont rien eu, tandis que la Grèce, notamment, ça a été beaucoup plus difficile. Évidemment, l’Allemagne n’est pas la Grèce, alors comment arriver à mettre tout le monde d’accord sur tous ces cas particuliers?

Jean Asselborn: Et même pas le Portugal.

Radio BFM: Et même pas le Portugal.

Jean Asselborn: Vous avez tout à fait raison de le dire. Mais là, on doit trouver une solution où la flexibilité puisse être adaptée aux devenirs, aux particularités d’un pays et aussi à son importance. Mais si on parle de réforme du pacte de stabilité, on ne peut pas oublier Lisbonne. Si on veut dire, il faut relancer l’économie de la connaissance, il faut redynamiser alors on ne peut pas rester immuable sur un pacte de stabilité, tout à fait, qui s’intéresse à la stabilité et qui ne s’intéresse pas assez à la croissance.

Radio BFM: Oui, vous avez évoqué la stratégie de Lisbonne. Cette stratégie, je le rappelle, qui vise à faire de la zone euro la zone la plus compétitive au monde. La stratégie de Lisbonne, qui a été lancée en 2000, qui est censée aboutir en 2010, bien qu’il n’y ait plus beaucoup de personnes pour croire que vraiment on y arrive en 2010. Il s’agira, sous Présidence luxembourgeoise, d’examiner une réforme à mi-parcours de la stratégie de Lisbonne. Dans quel sens s’orienterait cette réforme?

Jean Asselborn: Bon, en l’an 2000, à Lisbonne, ce n’était pas l’économie la plus puissante du monde tout court qui a été visée pour l’an 2010, mais l’économie de la connaissance la plus performante. Donc, il y a une petite nuance. Mais pour nous, c’est très, très simple. En matière de compétitivité, c’est un fait, nous sommes moins bons que d’autres régions de la planète. Mais en ce qui concerne la politique sociale, en ce qui concerne la politique environnementale, on est beaucoup plus forts que par exemple les États-Unis, la Chine et la région asiatique. Pas de dumping social, pas de dumping environnemental pour relancer la compétitivité. Ce serait un faux débat et on ne mène pas ce débat avec nous à Luxembourg. Mais évidemment, vous l’avez dit, on a le rapport Kok, on a maintenant - en ce qui concerne donc le bilan - on a des travaux à faire. Et puis pour relancer la dynamique, pour relancer la machine, on attend le 2 février le rapport de la Commission. Sur ce point-là, on va mettre tout le monde devant ses responsabilités. Mais il faut avoir dans sa tête que la politique sociale, que la politique économique, la politique environnementale, les trois piliers donc – ce triptyque, ce n’est pas l’Europe qui peut le faire tout seul. Donc, la responsabilité des états nationaux demeurera très, très ancrée, très, très forte et là on doit trouver aussi des moyens pour qu’on puisse contrôler au niveau européen, mais aussi au niveau national, tout ce qu’on a décidé au niveau européen pour les pays. Je crois que la Commission va établir une dizaine de paquebots importants qui seront adaptés aux différents pays, aux faiblesses et aux forces des différents pays et puis on doit travailler de cette manière. Mais personne ne comprendrait si, en parlant toujours de "processus de Lisbonne, processus de Lisbonne" et en disant ce que vous avez dit au début, "relancer et puis arriver à faire de l’Europe la machine économique la plus forte en 2010", on ne faisait rien maintenant. Il faut s’investir sur ce point-là, augmenter la compétitivité, mais pas au dépens du social et de l’environnemental.

Radio BFM: Je crois, il s’agit donc d’être quand même plus contraignant envers les États membres et, de manière générale, avec le budget, le pacte de stabilité, la stratégie de Lisbonne. C’est fortement orienté économie pour la Présidence luxembourgeoise, mais c’est également toute une série de contraintes. Alors, est-ce que vous redoutez en tant que membre de cette Présidence luxembourgeoise qu’elle ait quand même mauvaise presse, qu’on s’en souvienne comme d’une Présidence très contraignante pour les États membres?

Jean Asselborn: Oui, c'est une très bonne remarque. La Présidence luxembourgeoise n’est pas seulement une présidence où on parle des choses matérielles de la vie. Le social, c’est vraiment très, très important. Mais tout ce qui est économique, tout ce qui est pacte de stabilité, tout ce qui est perspectives financières, tout ce qui est processus de Lisbonne, économie, c'est très important évidemment. Mais ce n’est pas l’unique but de notre travail pendant cette Présidence. Vous savez qu’on a beaucoup d’autres choses à faire: l’élargissement par exemple et puis aussi la Constitution qu’il ne faut pas oublier, les relations avec les États-Unis, les relations transatlantiques, les relations avec la Russie, les relations avec la Chine, la politique de voisinage. Tout ça doit jouer un rôle important. Et dire que les Luxembourgeois, parce qu’ils ont quelques banques à Luxembourg, sont les spécialistes de tout ce qui concerne maintenant les problèmes financiers ou les problèmes économiques de l’Europe, ce serait un piège à ne pas y tomber.

Radio BFM: Oui, c’est ça, un méchant stéréotype et ce sont des hasards de calendrier finalement. Le président Bush, vous l’avez évoqué, George Bush va venir à Bruxelles le 22 février. Ce sera l’occasion de relancer les relations transatlantiques entre l’Europe et les États-Unis. En tant que ministre des Affaires étrangères, vous allez être en première place, comment comptez-vous vous y prendre?

Jean Asselborn: Oui, il y a quelques semaines j’ai visité George Powell et aussi Condoleezza Rice. Et tous les deux m’ont dit que maintenant, l’administration Bush allait intensifier les relations transatlantiques, pas seulement dans l’intérêt des États-Unis ou de l’Europe, mais par exemple pour résoudre les problèmes qui se posent dans les Balkans, qui se posent en Afrique et surtout qui se posent au Moyen-Orient et tous les pays du Moyen-Orient. Et là, si vous prenez le Moyen-Orient, les États-Unis étaient un peu absents les derniers temps de ce processus de paix, qui est si important pour la paix mondiale. L’Europe est solidaire sur ce point-là, et là aussi, on va travailler ensemble avec Monsieur Solana, mais en tant que Conseil, pour tout faire pour convaincre les Américains à, disons, revoir leur position en ce qui concerne le multilatéralisme. Il y aura aussi le Major Event l’année prochaine aux Nations unies. Et tout ça va, je crois, nous donner l’occasion de dire "l’histoire, bon, c’est l’histoire". Ce qui s’est passé avec l’Iraq, c’était pas un moment de gloire pour l’Europe, ni pour les États-Unis à mon avis, mais maintenant il faut construire le futur et travailler ensemble pour résoudre les grands problèmes de ce monde. Si l’Europe est solidaire, c’est un mot très important que je vous dis, à mon avis, si l’Europe est solidaire, si les 25 positions sont coordonnées en Europe, partout dans le monde et aussi vis-à-vis des États-Unis, on jouera un rôle très important. C’est notre devoir en tant que pays désintéressé de rassembler cette solidarité européenne sur le plan de la politique étrangère.

Radio BFM: Jean Asselborn, je rappelle que vous êtes ministre luxembourgeois des Affaires étrangères. Je vous remercie beaucoup d’avoir répondu à nos questions aujourd’hui.

Jean Asselborn: Merci Monsieur, merci beaucoup.

Radio BFM: Au revoir.

Jean Asselborn: Au revoir.



This page was last modified on : 14-01-2005

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