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[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
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Interview
Le ministre des Affaires étrangères, président en exercice du Conseil de l'UE, Jean Asselborn au sujet des élections en Irak

Interviewé : Jean Asselborn

Organe de presse : Roland Mihaïl, France Inter

Date de l’interview : 30-01-2005

Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures


Dans une interview avec la radio française "France Inter", le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et président du Conseil de l'UE, Jean Asselborn, s'exprime au sujet des élections en Irak.


Roland Mihaïl: ...en tant que ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, le Grand-Duché exerçant depuis le premier janvier, et pour 6 mois, la Présidence de l’Union européenne. Alors, d’abord dites-nous, Jean Asselborn, qu’attend le président en exercice du Conseil des ministres européens de ce scrutin iraquien à haut risque, à très haut risque ?

Jean Asselborn: Oui, bon, d’abord, il y a évidemment deux facettes: avoir des élections pluralistes, les premières depuis 53, c’est évidemment positif. D’un autre côté, comme vous l’avez dit, allez voter et a fortiori être candidat si c’est un danger de mort, donc il y a une ambiguïté qui est difficile à évaluer. Moi, j’admire tous ceux qui participent au vote, qui sont candidats et qui, sur le terrain, ont organisé ces élections. C’est un premier pas crucial, à mon avis, pour redonner une chance à l’État de droit en Iraq et nous, Union européenne, on doit les aider à retrouver donc certaines stabilités et l’État de droit.

Roland Mihaïl: Oui, mais vous avouez, Monsieur Asselborn, que lorsque l’actuel ministre iraquien des Affaires étrangères déclare dans une interview au journal Le Monde daté d’aujourd’hui, je le cite, qu’il ne faut pas se leurrer, qu’après ces élections, l’insurrection armée va probablement s’intensifier, il y a vraiment de quoi s’inquiéter, non ?

Jean Asselborn: Oui, c’est vrai, c’est tout à fait vrai. Donc, moi je ne suis pas sur le terrain mais d’ici, de l’Europe, je peux vous avouer que nous n’avons qu’un seul but, c’est de nous mettre dans l’esprit de la résolution 1546 et il faut préciser que cette résolution des Nations unies n’est pas une suite de la guerre d’Iraq, mais c’est une conséquence. Les vingt-cinq États de l’Union européenne étaient sur la même ligne pour, d’abord, pour que le peuple iraquien détermine lui-même son avenir, sans tuteur, sans occupant, et, deuxièmement, évidemment participer avec les Nations unies pour reconstruire l’économie, la vie sociale, la politique, faire de l’Iraq un pays sûr, stable, unifié, prospère et démocratique. Donc, l’Union européenne doit s’investir à faire de la formation pour la police, pour l’État de droit, pour l’administration civile. Ça, c’est notre devoir d’ici, mais évidemment, sans avenir, sans perspectives économiques, sans perspectives pour les jeunes gens en Iraq de vivre une vie digne, évidemment, la violence va continuer. Mais tous ceux qui ont pris une décision, il y a quelques années, donc pour prendre cette solution d’intervenir militairement en Iraq, on avait prédit toutes ces conséquences. Bon, maintenant il faut gérer le futur et chercher dans l’Union européenne et aussi dans le dialogue avec les États-Unis à créer un futur meilleur pour ce pays.

Roland Mihaïl: Et selon vous, vous qui êtes actuellement président en exercice du Conseil des ministres européens, quel est le niveau de participation considéré comme suffisant pour donner une vraie légitimité à ce scrutin ?

Jean Asselborn: Oui, je viens de parler donc hier avec Jack Straw, le ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne. Là aussi, je lui ai posé cette question. Il semble donc que dans le nord, les Kurdes, que là, ça se passe très très bien. Dans le sud aussi, les chiites, il n’y a pas de problèmes. Le problème, c’est tout ce qui se passe autour de Bagdad, le triangle sunnite, et la participation peut être très élevée dans le nord et aussi en ce qui concerne les chiites, mais si les sunnites ne participent pas au vote, donc, dans notre résolution qu’on va prendre demain à Bruxelles, au sein du Conseil « Affaires générales », on a prévu la possibilité surtout d’incorporer dans les débats qui vont suivre sur la Constitution iraquienne, d’intégrer aussi toutes les forces vives sunnites, qu’ils puissent participer donc pour établir la nouvelle constitution en Iraq.

Roland Mihaïl: Mais Monsieur le Ministre, justement, à supposer qu’on atteigne un niveau suffisant de participation, est-ce que vous ne craignez pas que ce soient précisément les chiites, les chiites qui représentent près de 60 % de la population iraquienne, qui soient les grands vainqueurs de ce scrutin, les chiites qui, faut-il le rappeler, sont proches du pouvoir iranien ?

Jean Asselborn: Oui, mais je crois que là aussi, il faut faire cette différence, les chiites en Iraq ne sont pas des Perses. Donc, il y a certaines nuances à bien préciser, mais je crois que ça, c’est le peuple iraquien qui doit être maître de son destin. Les élections qui se passent aujourd’hui sont des élections pour une Assemblée constitutionnelle, et donc cette Assemblée constitutionnelle a le devoir de préparer une nouvelle constitution. Si tout se passe bien, il y aura un référendum en octobre, donc le peuple iraquien aura un choix à faire et puis si tout se passe bien à nouveau en octobre, au mois de décembre, il est prévu, d’après la résolution des Nations unies 1546, de prévoir des élections parlementaires à ce moment-là en décembre 2005, mais là, c’est vraiment au peuple iraquien. Nous, on n’a pas ni d’Europe, ni des États-Unis, ni de Chine à leur dire ce qu’il faut voter.

Roland Mihaïl: Et, à ce propos, Monsieur Asselborn, quel est pour vous, pour l’Europe, le seuil de démocratisation nécessaire en Iraq pour envisager un désengagement, un retrait des troupes américaines et anglaises ? Quelles conditions doivent, selon vous, être réunies à quelle échéance ?

Jean Asselborn: Mais écoutez, là aussi, c’est très précis dans la 1546, il est prévu que dès que l’Iraq s’est donné des institutions pour pouvoir aménager l’État de droit, donc les forces qui occupent le pays ou qui sont présentes dans le pays, comme vous voulez, devront partir. Mais cette question-là est peut-être une question trop politique pour l’instant. Pour l’instant, vous savez que l’Europe [est interrompu]

Roland Mihaïl: Mais vous y croyez ? Vous croyez que George Bush désengagera ses troupes comme ça, c'est-à-dire d’ici la fin de l’année ?

Jean Asselborn: Oui, dans le dialogue qu’on va avoir avec Madame Rice et aussi avec Monsieur Bush, au mois de février

Roland Mihaïl: quand il viendra à Bruxelles, oui

Jean Asselborn: Oui, elle viendra à Bruxelles, à Luxembourg, bon, là, en tout cas en ce qui me concerne, moi j’ai compris l’esprit de la 1546 comme étant très précise sur ce sujet-là. Donc le peuple iraquien doit déterminer son avenir et pour déterminer son avenir lui-même, il n’a pas besoin de tuteur et donc les conséquences, mais ce que je voulais vous dire encore, c’est que l’Europe a vraiment investi déjà 300 millions d’euros et ce n’est pas rien, pour l’aide humanitaire et pour la reconstruction, dans les années 2003 et 2004. Maintenant, on a débloqué de nouveau 200 millions pour le futur. Donc 30 millions d’euros ont été débloqués pour l’organisation des élections, à partir de l’Europe, donc c’est vraiment pensé d’investir, qu’on n’a pas regardé à côté, mais évidemment avec nos moyens, nos moyens que nous pensons qui sont conformes au multilatéralisme tel que nous le concevons.

Roland Mihaïl: Donc vous, vous êtes favorable à ce que la coalition américano-britannique se retire de l’Iraq le plus rapidement possible ?

Jean Asselborn: Évidemment.

Roland Mihaïl: Merci. Merci, Monsieur le Ministre, merci, Monsieur le Président. Bon dimanche.



Dernière mise à jour de cette page le : 01-02-2005

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