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[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
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Discours
Déclaration au nom de l'Union européeene à la XIVe session du comité de haut niveau pour la coopération sud-sud

Date du discours : 31-05-2005

Lieu : New York

Orateur : Mme Elisabeth Colotte

Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures


J'ai l'honneur de prendre la parole au nom de l'Union européenne.

La Bulgarie et la Roumanie, pays en voie d'adhésion, la Turquie et la Croatie*, pays candidats, l'Albanie, l'ancienne République yougoslave de Macédoine et la Serbie-Monténégro, pays du processus de stabilisation et d'association et candidats potentiels, ainsi que l'Ukraine se rallient à la présente déclaration.

Il y a quelques années seulement, les chefs d'État ou de gouvernement ont appelé, lors de la conférence sur le financement du développement qui s'est tenue à Monterrey, au Mexique, au renforcement des capacités des pays en développement dans les domaines ci-après: les infrastructures institutionnelles, la mise en valeur des ressources humaines, les finances publiques, l'administration publique, les politiques budgétaires dans le domaine social et dans celui de la condition féminine, la gestion de la dette, les systèmes d'alerte rapide et la prévention des crises.

L'Union européenne estime que, dans le contexte du consensus de Monterrey comme dans celui de la déclaration du Millénaire, du programme d'action de Bruxelles en faveur des pays les moins avancés, du plan de mise en œuvre de Johannesburg, du programme d'action d'Almaty en faveur des pays les moins avancés, ainsi que de la stratégie de Maurice, adoptée récemment, la coopération Sud-Sud s'est avérée un facteur déterminant pour le développement. De son côté, l'Union européenne est résolue à honorer les engagements dont il est fait mention dans les documents précités.

La coopération Sud-Sud commence à modifier le paysage des relations internationales, en particulier dans les domaines du commerce, de la finance, des investissements, de l'aide au développement et de l'intégration régionale. Néanmoins, le plus grand défi à relever si l'on veut renforcer la coopération technique entre pays en développement consiste à assurer l'application intégrale des divers plans d'action en faveur de la coopération.

L'élément indispensable dans le cadre de la planification à court terme est une conception stratégique de la coopération technique, qui consiste à adopter des politiques et des programmes visant à préparer les pays en développement à accéder aux marchés mondiaux, ainsi qu'un système d'évaluation fiable montrant que les gouvernements ont accordé une priorité à la coopération technique dans leurs politiques générales de développement. Les stratégies de réduction de la pauvreté et les partenariats à long terme sont des moyens de combler les lacunes à cet égard. Il importe que le Groupe spécial de la coopération Sud-Sud soutienne les pays en développement en vue d'harmoniser le programme de coopération Sud-Sud avec les objectifs du Millénaire pour le développement, notamment en établissant des mécanismes permettant d'appliquer plus efficacement les politiques, les accords et les plans d'action. À cette fin, une attention particulière devra être accordée aux pays les moins avancés sans littoral et aux petits États insulaires en développement.

L'Union européenne reconnaît que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire peuvent améliorer l'efficience et l'efficacité de l'aide tout en favorisant la prise en charge et l'établissement de partenariats n'excluant aucune partie prenante. Un certain nombre d'États membres de l'Union ont soutenu la coopération Sud-Sud par l'intermédiaire de leurs programmes d'aide bilatérale.

Il conviendrait de s'attacher davantage à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement et à examiner la manière dont il pourrait être fait appel à la coopération Sud-Sud dans le cadre des questions de développement, ainsi que la façon dont les projets ayant permis d'atténuer la pauvreté dans les pays en développement pourraient être appliqués à une plus grande échelle pour contribuer à la réalisation de l'objectif du Millénaire consistant à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015.

Pour ce qui est des progrès accomplis, l'Union européenne constate avec satisfaction, dans les conclusions du rapport à l'examen, qu'un certain nombre de pays en développement appliquent déjà des programmes efficaces pour soutenir la coopération Sud-Sud. La mise à profit du savoir﷓faire existant et de l'expérience dont disposent les pays en développement plus avancés joue un rôle déterminant à cet égard. L'Union européenne note également qu'au fur et à mesure des progrès de l'intégration régionale et sous-régionale, de nouvelles occasions de coopérer se feront jour dans des secteurs cruciaux tels que le développement des infrastructures, les mécanismes de coordination pour les questions environnementales transnationales, le dialogue politique et la recherche du consensus: l'expérience du NEPAD, avec son "mécanisme africain d'évaluation par les pairs", montre que ce nouveau concept global de coopération régionale est réalisable et efficace. L'UE est déterminée à soutenir la direction régionale du NEPAD dans le cadre des politiques générales pour l'Afrique subsaharienne, comme cela été récemment illustré dans la communication de la Commission européenne intitulée "L'Afrique au centre des efforts". L'UE soutient aussi des mécanismes de coopération régionale en Afrique, par exemple à travers sa "Facilité pour l'eau en faveur de l'Afrique", qui favorise une gestion coordonnée des ressources en eau au niveau régional, dans le cadre du plan de mise en œuvre de Johannesburg.

Les accords commerciaux régionaux conclus entre les pays en développement ou entre les pays développés et ces derniers peuvent contribuer à accroître leur participation à l'économie mondiale et renforcer le système commercial multilatéral à la condition qu'ils soient ouverts sur l'extérieur et qu'ils aient pour effet de limiter les obstacles extérieurs au commerce. L'intégration Sud-Sud est susceptible de renforcer l'efficience des marchés, d'accroître la concurrence entre pays connaissant un stade de développement identique, de favoriser les économies d'échelle, d'augmenter la capacité d'attirer l'investissement direct étranger et de garantir aux pays concernés un pouvoir de négociation accru. Elle peut aider les pays à remédier plus efficacement aux problèmes concernant la facilitation des échanges et les infrastructures, y compris les procédures douanières et les normes, et à développer des compétences régionales dans ces domaines. Enfin et surtout, l'intégration régionale peut contribuer à la consolidation de la paix et de la sécurité. L'importance de l'intégration régionale pour le développement durable a été confirmée à l'occasion du sommet mondial sur le développement durable.

La coopération Sud-Sud a bénéficié d'un soutien important et croissant de la part des pays développés et la coopération triangulaire a prouvé ses mérites à plusieurs reprises en matière d'accords financiers, de partenariats et de partage de l'information. À cet égard, le groupe spécial devrait collaborer plus étroitement avec le CAD/OCDE et consolider les relations de travail entre les États membres du CAD/OCDE et les pays en développement qui fournissent une aide au développement à d'autres pays du Sud.

L'UE prône et soutient depuis longtemps l'intégration Sud-Sud parallèlement à une plus grande intégration des pays en développement dans le système commercial multilatéral, dans le cadre d'une stratégie de développement visant à supprimer les contraintes liées à la faible dimension et à la vulnérabilité des petites économies. Cependant, on ne peut négliger le fait que l'intégration n'est susceptible de produire des effets positifs que dans un cadre politique général caractérisé par une bonne gouvernance et un climat de sécurité favorables à une telle intégration (comme c'est le cas pour toute réforme commerciale en général). Dès lors, compte tenu des limites existant dans ce domaine, de nombreuses initiatives antérieures n'ont pas encore pu porter leurs fruits.

C'est la raison pour laquelle, dans ses initiatives en cours concernant des accords commerciaux régionaux (avec les pays méditerranéens, le Mercosur, le Conseil de coopération du Golfe et les accords de partenariat économique conclus dans le cadre de l'accord de Cotonou), l'UE promeut ce qu'elle appelle une approche Sud-Sud-Nord visant à combiner les avantages de l'intégration Nord-Sud avec les aspects positifs de l'intégration Sud-Sud. Cette approche permet également d'éviter les rapports du type "centre-périphérie" qui se mettent en place lorsqu'un bloc commercial important conclut des accords séparés avec un grand nombre de pays. Il convient toutefois de garder clairement à l'esprit que cette approche doit être très ambitieuse si l'on veut qu'elle soit efficace, et surtout si l'on veut dépasser le cadre des accords de libre-échange traditionnels concernant les marchandises.

À titre d'exemple, l'accord de Cotonou conclu en 2000 entre l'UE et 77 États du groupe ACP est un des fondements les plus importants de la coopération entre l'UE et l'Afrique. L'UE offre un accès plus large aux marchés et soutient l'intégration des pays ACP dans l'économie mondiale en négociant des accords de partenariat économique dans le cadre de l'accord de Cotonou. Ces accords pourraient avoir pour effet principal de renforcer l'intégration des six régions qui ont entamé des négociations avec l'UE et jouer ainsi un rôle considérable dans le commerce Sud-Sud.

De façon plus générale, l'Union européenne a conclu des accords avec un certain nombre d'organisations régionales, telles que l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, la Communauté des Caraïbes et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, en vue de promouvoir les avantages potentiels de l'intégration économique régionale entre pays en développement. La coopération mutuelle croissante entre la Banque européenne d'investissement et les banques de développement régionales offre d'autres possibilités.

L'Union européenne se félicite de la participation croissante des ONG à la coopération Sud-Sud et du soutien que le système des Nations Unies, par l'intermédiaire du PNUD, de ses institutions spécialisées et de ses programmes ainsi que des commissions régionales, continue d'apporter à cette coopération en s'efforçant de trouver des pratiques de développement novatrices. L'initiative de lutte contre le VIH/sida par le biais du système d'éducation en est un bon exemple.

L'Union européenne continue d'appuyer les activités mises en œuvre par le système des Nations Unies pour promouvoir les activités de coopération Sud-Sud dans tous les programmes pertinents. Elle souligne l'importance et les avantages que présentent les nouvelles technologies, en particulier les technologies de l'information et de la communication, pour ce qui est de réduire la fracture numérique. L'UE attend de la seconde phase du sommet mondial sur la société de l'information, qui aura lieu à Tunis cet automne, qu'elle joue un rôle important dans la réalisation de cet objectif.

Sur la base de récentes initiatives couronnées de succès, la coopération Sud-Sud pourrait jouer un rôle croissant dans les domaines de la prévention des crises, de l'alerte rapide, de la réaction d'urgence et de la reconstruction après une crise. L'UE se tient prête à soutenir également ces efforts.

L'Union européenne estime qu'en raison de la multiplication des activités Sud-Sud dans le cadre des Nations Unies, il y a lieu d'améliorer la coordination. Il convient d'accroître encore l'efficacité de la coopération Sud-Sud par un renforcement de la coordination et une plus grande rationalisation des diverses institutions et initiatives dans ce domaine. À cet égard, l'Union européenne considère que le Groupe spécial de la coopération Sud-Sud joue un rôle important dans l'architecture institutionnelle en matière de coordination, de promotion et de gestion de la coopération Sud-Sud.

Nous félicitons le groupe spécial d'avoir apporté des changements significatifs au troisième cadre de coopération (2005-2007), en tenant compte des leçons tirées de la mise en œuvre des cadres précédents et en concentrant les efforts sur les objectifs du Millénaire pour le développement, la priorité étant donnée à la mise en place d'un environnement favorable au moyen de partenariats innovants entre le secteur public et le secteur privé, afin de répondre plus activement aux besoins prioritaires des pays les moins avancés, des petits pays insulaires en développement et des pays en développement sans littoral, et en transformant le groupe spécial en un centre de gestion des compétences sur les questions Sud-Sud plus dynamique.

Malgré les progrès accomplis, et bien que la plupart des organismes des Nations Unies aient adopté, dans le cadre de leurs programmes de développement respectifs, des politiques de promotion et d'exploitation de la coopération Sud-Sud, le recours à celle-ci n'est pas systématique. L'UE appelle le groupe spécial et le système des Nations Unies à accentuer leurs efforts pour accomplir davantage de progrès à l'avenir.

Monsieur le Président,

L'Union européenne reconnaît le rôle essentiel que joue, dans les pays en développement, la coopération Sud-Sud, telle qu'elle est définie dans le plan d'action de Buenos Aires et dans les directives du système des Nations Unies. Étant donné que la responsabilité de la coopération Sud-Sud relève au premier chef des pays en développement eux-mêmes, l'Union européenne s'associe au système des Nations Unies pour le développement afin de soutenir leurs efforts. À cet égard, elle adresse ses meilleurs vœux de succès aux participants du deuxième sommet Sud-Sud qui se tiendra au Qatar au mois de juin prochain. L'UE estime qu'une perspective stratégique du rôle de la coopération Sud-Sud et l'application des plans d'action en faveur d'initiatives concertées contribueraient à la réalisation de l'objectif ultime d'autonomie nationale et collective. Dans ces conditions, la coopération Sud-Sud pourrait devenir un facteur clef de la réalisation des OMD et des objectifs de développement convenus à l'échelle internationale. L'Union européenne restera un partenaire fiable à cet égard.

Je vous remercie, Monsieur le Président.

* La Croatie continue à participer au Processus de stabilisation et d’association.



Dernière mise à jour de cette page le : 27-06-2005

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