Note: Votre navigateur n'affiche pas correctement ce site parce qu'il s'agit d'une version relativement ancienne d'un navigateur ou parce qu'il ne respecte pas les standards généralement préconisés pour les pages web. Pour en savoir plus lisez nos notes de conception.

 
[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
 English version        
 

Chemin de navigation : Accueil > Actualités > Discours > Mai 2005 > Déclaration au nom de l'Union européenne au Conseil de Sécurité des Nations Unies concernant la consolidation de la paix

Discours
Déclaration au nom de l'Union européenne au Conseil de Sécurité des Nations Unies concernant la consolidation de la paix

Date du discours : 26-05-2005

Lieu : New-York

Orateur : Jean-Marc Hoscheit, Représentant permanent du Luxembourg auprès des Nations Unies

Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures


Monsieur le Président,

J'ai l'honneur de m'exprimer au nom de l'Union européenne. La Bulgarie et la Roumanie, pays en voie d'adhésion, la Turquie et la Croatie* , pays candidats, l'ancienne République yougoslave de Macédoine et la Serbie-Monténégro, pays du Processus de stabilisation et d'association et candidats potentiels, ainsi que l’Ukraine se rallient à la présente déclaration.

Monsieur le Président,

L'Union européenne est convaincue qu'il faut combler, dans le système des Nations Unies, le vide existant entre la fin des conflits armés et la reprise d'un développement durable par le biais de la consolidation de la paix à l'issue des conflits. Les expériences du passé ont montré que les actions de consolidation de la paix sont fondamentales si l'on veut éviter que les pays émergeant de la guerre ne sombrent à nouveau dans la violence et les hostilités en les accompagnant dans leur transition vers une paix durable et un développement à long terme.

Les situations que laissent derrière eux les conflits sont complexes et appellent une stratégie globale et cohérente: les besoins, les acteurs et les moyens sont multiples et variés et il faut agir dans des domaines très divers, tels que la protection des civils, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des combattants, la réforme du secteur de sécurité, la réconciliation, la reconstruction des institutions et des infrastructures de base ainsi que le soutien rapide au développement économique et social durable, la mise en place d'une gouvernance efficace et démocratique, le respect de l'État de droit et des droits de l'homme, et la pleine participation des femmes sur un pied d'égalité, conformément à la résolution 1325.

Monsieur le Président,

Si une assistance extérieure peut s'avérer indispensable pour créer un environnement sûr, il est tout aussi indispensable que les pays prennent en main leur propre destin, ce qui permet d'associer à un stade précoce, y compris pendant la phase de planification, les acteurs locaux et nationaux aux actions de consolidation de la paix après les conflits et de les « responsabiliser » quant au développement à long terme. Cela contribuera à assurer la pérennité des conditions de sécurité et des activités subséquentes de consolidation de la paix. Les efforts internationaux doivent pour ce faire se fonder sur les potentialités locales en mobilisant le plus tôt possible les ressources existantes.

Pour éviter que des interférences de l'étranger n'attisent à nouveau la violence, les problèmes régionaux doivent trouver des solutions régionales et donner lieu à des politiques inspirées par une perspective régionale. L'Afrique de l’Ouest est probablement l'exemple le plus parlant à cet égard. Il faut que les organisations régionales et sous-régionales participent le plus tôt possible aux actions de consolidation de la paix.

Un des défis que pose la consolidation de la paix est de rassembler efficacement les divers acteurs, instruments et moyens en fonction de leurs avantages comparatifs. Dès le départ, il importe de veiller spécialement à éviter les doubles emplois entre les activités réalisées par les opérations intégrées de maintien de la paix et celles relevant des institutions spécialisées et programmes des Nations Unies, et d’impliquer rapidement les Institutions Financières Internationales. Il est également nécessaire d’approfondir davantage le dialogue et la coopération concrète entre les Nations Unies et d'autres organisations internationales ou régionales, y compris pendant la phase de planification de la mission.

L'Union européenne a, quant à elle, tiré parti de sa politique de développement et d'autres programmes de coopération pour donner une assise aux actions de reconstruction qu'elle mène après des conflits. Ce sont des instruments puissants dont nous disposons pour aborder les causes profondes à l'origine des conflits et par voie de conséquence en empêcher la résurgence. L’Union européenne qui fournit quelque 55 % de l'aide au développement, 66 % de l'aide sous forme de dons et environ 55 % de l'assistance humanitaire de par le monde, doit jouer et joue un rôle moteur pour ce qui est de faire face aux défis post-conflits.

Nous nous efforçons déjà de renforcer les opérations de reconstruction que nous menons à travers le monde après des conflits - souvent en étroite coopération avec les Nations Unies ou en appuyant leurs opérations - par le biais de toute une série d'activités, y compris la mise en place d'institutions, la remise en état des infrastructures de base, les activités de DDR et de réforme du secteur de sécurité, ainsi qu'en soutenant les processus de réconciliation et d'intégration régionale, les droits de l'homme et les actions de démocratisation. Mais nous pouvons, et nous devons, encore mieux cibler nos actions et les rendre plus efficaces. Nous devons pouvoir répondre rapidement à des situations spécifiques qui se présentent et adapter notre réaction aux circonstances, en mettant en œuvre la combinaison d'instruments qui convient. Dans chaque situation, le risque existe que la communauté internationale ne prête que partiellement son concours au processus. Une assistance continue doit être assurée en particulier dans le cadre des programmes de DDR.

Dans le domaine de la gestion civile des crises, l'Union européenne est active dans les domaines prioritaires suivants: la formation de la police (en raison du fait que la police civile a un rôle important à jouer dans les environnements post-conflit), la promotion de l'État de droit, le renforcement de l'administration civile, la protection civile et la réforme du secteur de sécurité. Cinq opérations mobilisant 1.300 personnes sur le terrain sont actuellement en cours : des missions de formation policières en Bosnie-Herzégovine (MPUE Bosnie), dans l'ancienne République yougoslave de Macédoine (EUPOL Proxima) et en République démocratique du Congo (EUPOL Kinshasa), une mission dans le domaine de l’Etat de droit en Géorgie (EUJUST Themis), enfin une mission de réforme du secteur de sécurité en République démocratique du Congo (EUSEC RDCongo). Une mission intégrée "Etat de droit" pour l'Iraq (EUJUST LEX) sera par exemple lancée en juillet 2005 et consistera dans le formation de quelque 770 personnes. D’autres opérations éventuelles sont en cours de discussion.

Monsieur le Président,

Pour répondre aux besoins immédiats, l'Union européenne développera encore sa capacité à déployer des ressources multifonctionnelles pour la gestion civile des crises sous une forme intégrée et à bref délai, qui pourront être utilisées dans le cadre de missions autonomes placées sous la conduite de l'UE ou dans le cadre d'opérations menées par d'autres organisations, telles que les Nations Unies ou l'OSCE. Une capacité civile de réaction rapide de l'UE peut apporter une valeur ajoutée aux efforts internationaux de consolidation de la paix.

L'Union européenne veut se donner les moyens de pouvoir travailler davantage avec les Nations Unies afin d'aider les pays sortant d'un conflit, et s'attachera pour ce faire à établir un lien entre l'aide d'urgence, la réhabilitation et le développement. Nous sommes également déterminés à accroître à cet effet notre coopération avec l'Union africaine et les organisations sous-régionales. Le Plan d'action de l'UE relatif au Soutien à la Paix et à la Sécurité en Afrique est axé sur un certain nombre d'actions pratiques qui visent dans une large mesure la consolidation de la paix.

Monsieur le Président,

Pour combler le vide entre la fin d'un conflit armé et le développement durable et pour parvenir à définir une stratégie complète et cohérente en matière de consolidation de la paix dans des situations spécifiques post-conflit, nous avons besoin d'un mécanisme institutionnel associant tous les acteurs pertinents. Dans ce contexte, l'Union européenne se félicite de la proposition du Secrétaire général d'instituer une Commission pour la consolidation de la paix et approuve les objectifs et fonctions principaux énoncés dans sa note explicative. L'Union européenne considère aussi qu'il importe d'assurer un financement durable, garanti et prévisible des actions de consolidation de la paix.

Je vous remercie, Monsieur le Président.

* La Croatie continue à faire partie du Processus de stabilisation et d'association.



Dernière mise à jour de cette page le : 27-05-2005

Haut de page Haut de page