Note: Votre navigateur n'affiche pas correctement ce site parce qu'il s'agit d'une version relativement ancienne d'un navigateur ou parce qu'il ne respecte pas les standards généralement préconisés pour les pages web. Pour en savoir plus lisez nos notes de conception.

 
[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
 English version        
 

Chemin de navigation : Accueil > Actualités > Discours > Mars 2005 > Nicolas Schmit: "Evaluation et définitions d’orientations nouvelles du processus de Barcelone"

Discours
Nicolas Schmit: "Evaluation et définitions d’orientations nouvelles du processus de Barcelone"

Date du discours : 14-03-2005

Lieu : Le Caire, Session plénière inaugurale de l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (APEM)

Orateur : Nicolas Schmit

Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures


Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Madame le Commissaire,

Permettez-moi tout d’abord de remercier vivement nos hôtes égyptiens pour l’accueil chaleureux qu’ils nous ont réservé ici, au Caire, à l’occasion de cette première session de l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne.

Parmi les villes symbolisant le destin commun qui lie les deux rives de la Méditerranée depuis des millénaires, Le Caire occupe une place particulièrement proche de notre cœur. Berceau de civilisation, ville-phare aux multiples cultures, Le Caire est un lieu de rencontre et dialogue exceptionnel.

A la veille de son dixième anniversaire, le processus de Barcelone se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.

Depuis la déclaration de Barcelone en 1995, ce processus de dialogue et de coopération a traversé des périodes difficiles mais ne s’est jamais interrompu. La perspective du 10ème anniversaire de ce partenariat en novembre prochain est maintenant notre horizon commun. Notre ambition partagée doit s’articuler d’abord autour d’une évaluation sans concession de ce partenariat unique.

Nous avons la même volonté de définir des orientations nouvelles et de relancer ainsi une coopération dont nous avons besoin des deux rives de la Méditerranée. La logique du partenariat doit nous guider dans cet exercice. Cette logique se fonde sur une responsabilité partagée, une ambition et une vision communes.

Lancé en 1995 dans un contexte d’espoirs nouveaux par un esprit de paix, le partenariat euro-méditerranéen constitue aujourd’hui plus que jamais le cadre de référence central pour les relations de coopération et les liens de solidarité entre l'Union européenne et les pays partenaires de la Méditerranée. Nos objectifs sont clairs : il s’agit de renforcer la paix et la stabilité, de favoriser le progrès économique, la prospérité et la démocratie et d’œuvrer en faveur de la sécurité dans la région.

Après une décennie de partenariat, il convient de nous interroger sur ce qui a été accompli et d’en tirer des leçons pour l’avenir. Il semble ainsi opportun de procéder à une évaluation globale de l’ensemble des volets qui constituent le Processus de Barcelone. N’ayons pas peur de dresser un bilan sans complaisance des acquis mais aussi des insuffisances afin d’y apporter les améliorations qui s’imposent.

Il s’agit certainement pas de bouleverser un partenariat qui a su faire ses preuves dans des moments extrêmement difficiles. Il faut plutôt redéfinir ses actions et en approfondir la portée, tout en revigorant l’esprit qui avait présidé, en 1995, à l’adoption de la Déclaration de Barcelone. Elle reste un document essentiel de par son actualité et son énorme potentiel.

Par ailleurs, depuis la mise en place du Processus en 1995, de profonds changements se sont produits aussi bien sur le plan international qu’au sein de l’Union européenne elle-même.

Il est évident que l’élargissement de l’UE a donné une dimension nouvelle à notre partenariat. De  même la volonté de réforme telle qu’exposée dans la Déclaration de Tunis issue du sommet de la Ligue Arabe de mai 2004, constitue un élément important de l’évolution future de notre Partenariat. Nous sommes également mobilisés à lutter contre le terrorisme. L’éradication de la pauvreté, de l’injustice économique et sociale, tout comme politique, sont des buts communs. Le développement économique mais aussi la défense des droits de l’homme et de l’état de droit et le respect du principe d’autodétermination forment le cadre de référence pour notre partenariat euro-méditerranéen.

Avec le lancement de la politique de voisinage, l’Union européenne a décidé d’accorder une attention particulière et prioritaire à ses voisins les plus proches, avec lesquels elle a déjà mis en place un cadre contractuel nécessaire. Cette politique ne remplace pas le processus de Barcelone qui reste un atout politique et économique majeur.

Elle apportera une valeur ajoutée à nos relations, et suscitera de nouvelles opportunités. La politique de voisinage transpose nos priorités communes en un agenda concret de politiques ayant des objectifs spécifiques et mesurables. Elle vise à renforcer le Processus de Barcelone grâce à des plans d’actions négociés dans le cadre institutionnel établi par les accords d’association euro-méditerranéens.

De  même, la politique européenne de sécurité et de défense constitue une nouvelle donne qui pourra renforcer le premier chapitre du partenariat euro-méditerranéen. Le dialogue politique et de sécurité s’est intensifié. Il faut le rendre encore plus efficace. Les nouvelles perspectives en vue d’une solution politique globale du conflit israélo-palestinien sont à cet égard fondamentales. Elles peuvent nous aider à faire progresser les travaux permettant la négociation d’une Charte euro-méditéranéenne pour la paix et la stabilité.

Notre partenariat lui-même a considérablement progressé. Notre dialogue est en effet aujourd’hui largement institutionnalisé, tant au niveau bilatéral qu’au niveau régional. Tous les accords d’association ont été négociés et la plupart sont déjà entrés en vigueur.

Au niveau régional, un cadre solide et régulier de rencontres ministérielles permet de renforcer le dialogue et la coopération dans des domaines aussi essentiels que l’industrie, le commerce ou les technologies de la communication et de l’information pour n’en citer que quelques-uns.

Education, formation et emploi doivent être nos priorités communes. Des millions de jeunes entrent sur le marché du travail année après année. Des investissements importants sont nécessaires. Nos échanges doivent encore se développer. Mais nous devons aussi traiter dans un esprit de partenariat les questions relatives à l’immigration.

La Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP) continue à appuyer fermement le partenariat financier au travers d’instruments financiers innovants et d’actions en faveur du développement du secteur privé, qui a un rôle crucial pour la création d’emplois.

Globalement, les moyens financiers consacrés à notre coopération devront être utilisés d’une manière plus efficace.

Votre Assemblée est un autre exemple de progrès réalisé au sein du partenariat euro-méditerranéen. En tant qu'institution parlementaire du processus de Barcelone dotée d'un pouvoir consultatif, elle contribue à renforcer la visibilité et la transparence  du processus et, par conséquent, à rapprocher le partenariat euro-méditerranéen des intérêts et des attentes des opinions publiques. Elle répond aussi aux besoins de légitimité démocratique revendiquée par nos peuples.

L’inauguration, au mois d’avril à Alexandrie, de la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures, sera une étape importante dans la promotion des secteurs de convergence culturelle entre les pays et les peuples de la Méditerranée. Les objectifs majeurs de cette Fondation seront d’entretenir un dialogue étroit et régulier entre les cercles culturels qui se trouvent souvent en dehors des principaux échanges diplomatiques et culturels et de faciliter les échanges, la coopération et le rapprochement entre les personnes.

La création de la Fondation Anna Lindh est une étape décisive dans la mise en œuvre du partenariat social, culturel et humain du Processus de Barcelone. Sa localisation géographique dans un pays partenaire de la rive Sud de la Méditerranée porte en elle une grande valeur symbolique favorisant la participation de toute la société civile au partenariat.  L’idée du Parlement européen, selon laquelle la Fondation devrait être un vecteur privilégié d’une véritable alliance de civilisations en Méditerranée, qui s’adresse aussi aux souches de la population les plus défavorisées, mérite notre attention.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Madame le Commissaire,

Après une décennie de partenariat, force est de constater que les efforts fournis de part et d’autre de la Méditerranée n’ont sûrement pas toujours répondu à toutes nos attentes. Notre région continue à faire face à de nombreux défis que nous devons relever ensemble.  Mais redoublons notre volonté politique pour développer des réponses communes et à créer les bases d’une véritable communauté euro-méditerranéenne.

Le Processus de Barcelone n’a pas eu tout l’impact escompté dans la résolution des conflits régionaux. De part et d’autre, les efforts doivent ainsi être redoublés afin de contribuer à l’établissement d’une zone de paix, de stabilité et de prospérité dans la région méditerranéenne. Votre Assemblée peut y contribuer de manière considérable.

L’efficacité du partenariat pourrait être accrue si l’intégration Sud-Sud trouvait une véritable dynamique, notamment à travers la mise en œuvre de l’accord d’Agadir, qui nécessite toute notre attention. En l’absence d’un grand marché du Sud, nos efforts ne seront pas récompensés à leur juste valeur.

Le processus d’évaluation qui a été lancé sous la Présidence luxembourgeoise doit servir à la définition d’orientations générales en vue de l’évolution future du partenariat.

Dans ce contexte, un mécanisme ouvert de réflexion et de dialogue, ayant comme point de départ les rapports d’Euromesco et de Femise a récemment été lancé par un groupe des Hauts Fonctionnaires.

Cette démarche évolutive et concertée a été organisée dans un esprit de partenariat de manière à permettre à tous les acteurs du processus euro-méditerranéen de contribuer activement à la recherche d’orientations nouvelles, avec l’objectif commun de dégager des conclusions concises et tangibles pour la prochaine Conférence euro-méditerranéenne des Ministres des Affaires étrangères qui aura lieu à Luxembourg, les 30 et 31 mai prochain.

Dans ce contexte, j’aimerais souligner une fois de plus l’importance de votre contribution, qui trouvera toute sa place dans notre démarche commune. En vue du 10ème anniversaire de la Déclaration de Barcelone, cette démarche devra ambitionner l’identification de domaines prioritaires où l’intérêt commun guidera notre action. L’éducation et l’accroissement des niveaux d’alphabétisation, les réformes économiques et une implication accrue de la société civile au développement du partenariat pourraient faire partie des nos objectifs prioritaires.

Afin de renforcer notre partenariat, nous devons également consacrer une attention particulière à la visibilité du Processus, tant au Nord qu’au Sud de la Méditerranée, notamment en mettant l’accent sur la stratégie d’information et de communication, dont la mise en oeuvre sera décisive pour le succès du 10ème anniversaire et de "l’Année de la Méditerranée."

Je souhaite lancer un appel à vous tous d’être ambitieux, mais réalistes, de développer une vision commune de notre avenir sans perdre de vue les réalisations plus immédiates.

Je vous remercie de votre attention.



Dernière mise à jour de cette page le : 14-03-2005

Haut de page Haut de page