Note: Votre navigateur n'affiche pas correctement ce site parce qu'il s'agit d'une version relativement ancienne d'un navigateur ou parce qu'il ne respecte pas les standards généralement préconisés pour les pages web. Pour en savoir plus lisez nos notes de conception.

 
[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
 English version        
 

Chemin de navigation : Accueil > Actualités > Discours > Mars 2005 > Déclaration au nom de l'UE sur le rapport du groupe de consultation spécial pour la Guinée Bissau au Conseil économique et social des Nations Unies

Discours
Déclaration au nom de l'UE sur le rapport du groupe de consultation spécial pour la Guinée Bissau au Conseil économique et social des Nations Unies

Date du discours : 03-03-2005

Lieu : New York

Orateur : Jean-Marc Hoscheit, représentant permanent du Luxembourg auprès des Nations unies

Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures


Monsieur le Président,

1. J'ai l'honneur de prendre la parole au nom de l'Union européenne. La Bulgarie et la Roumanie, pays en voie d'adhésion, la Turquie et la Croatie*, pays candidats, et l'Albanie, l'ancienne République yougoslave de Macédoine et la Serbie-et-Monténégro, pays du processus de stabilisation et d'association et candidats potentiels, ainsi que la Norvège, pays de l'AELE membre de l'Espace économique européen, se rallient à la présente déclaration.

2. L'Union européenne se félicite de l'occasion que lui donne aujourd'hui le Conseil de se pencher sur la situation en Guinée-Bissau. Nous savons gré au Conseil économique et social des Nations unies de s'être engagé de manière constructive en Guinée-Bissau par le biais de son groupe consultatif ad hoc et nous saluons les travaux réalisés par le président de ce groupe, M. l’Ambassadeur Dumisani Kumalo, Représentant permanent de l'Afrique du Sud, ainsi que ses membres.

Monsieur le Président,

3. Depuis que nous nous sommes rencontrés pour la dernière fois pour examiner les travaux du groupe ad hoc, la situation en Guinée-Bissau, qui avait évolué de façon encourageante, s'est gravement détériorée. Après la mutinerie de soldats qui s'est produite en octobre dernier, la communauté internationale a repris conscience de la fragilité de la transition vers la démocratie et du développement dans ce pays. La Guinée-Bissau a besoin que l'aide internationale soit maintenue. Le rapport élaboré par le groupe ad hoc indique clairement que la Guinée-Bissau se trouve dans une situation critique et qu'elle est confrontée à de graves problèmes sécuritaires, économiques et sociaux. Selon ce rapport, ces problèmes peuvent constituer des causes structurelles de conflit, qui expliquent la fragilité persistante des institutions démocratiques du pays. Il est donc essentiel d'améliorer les conditions socio-économiques et la situation en matière de sécurité en Guinée-Bissau.

4. L'UE estime depuis longtemps que la sécurité, la gouvernance et le développement sont indissolublement liés. Les Nations unies jouent un rôle central dans le processus de transition en Guinée-Bissau, le groupe ad hoc étant un bon exemple de l'importance de l'interaction entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, les différents secrétariats, le Département des affaires politiques, le Département des affaires économiques et sociales et le PNUD, ainsi qu'avec les institutions de Bretton Woods.

5. Il convient que les Nations unies continuent de travailler en partenariat avec le gouvernement de Guinée-Bissau à la résolution des questions de développement durable à long terme et de gouvernance, de manière à éviter un retour au conflit. Nous sommes convaincus que le groupe ad hoc a toujours un rôle majeur à jouer pour aider la Guinée-Bissau et encourager la communauté internationale à poursuivre son action. En conséquence, l'UE est favorable à une prorogation du mandat du groupe consultatif ad hoc pour la Guinée-Bissau jusqu'à la session de fond de l'ECOSOC qui se tiendra en juillet 2005. L'ECOSOC devrait alors être en mesure d'examiner s'il est nécessaire que le groupe ad hoc poursuive ses activités, en tenant compte de l'évolution réelle de la situation en Guinée-Bissau.

6. Dans son rapport, le groupe ad hoc souligne que la mutinerie militaire d'octobre s'explique notamment par de mauvaises conditions de travail et la corruption au sein de l'armée. Cette mutinerie montre clairement qu'il est urgent de mettre en œuvre une réforme du secteur de la sécurité. Un protocole d'accord a été signé immédiatement après la mutinerie entre le haut commandement et les représentants des militaires, de sorte qu'un terme a pu être mis au conflit. L'Union européenne prend acte de la signature de ce protocole d'accord et souligne que le gouvernement de Guinée-Bissau et les autorités nationales doivent demeurer attachés à la promotion de l'État de droit et à la lutte contre l'impunité, notamment lors de l'examen des moyens de mettre en œuvre le protocole d'accord.

Monsieur le Président,

7. L'Union européenne se félicite de l'engagement pris par M. Pereira Rosa, président par intérim, de tenir une élection présidentielle en mai 2005. À la lumière de l'adoption récente de la résolution 1580 du Conseil de sécurité, nous accueillons avec satisfaction les activités menées par le Bureau de soutien de l'ONU pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau, ainsi que l'aide que le PNUD fournira avant et pendant cette élection. La Commission européenne élabore actuellement un programme d'assistance électorale. Le bon déroulement de cette élection présidentielle sera un témoignage important de l'attachement de la Guinée-Bissau à la paix et à la démocratie et montrera que le pays est prêt à concentrer son action sur le développement.

8. L'UE rend hommage au rôle constructif que jouent la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) en Guinée-Bissau. Le fait que ces deux organisations aient établi des bureaux locaux à Bissau indique qu'elles continuent de s'efforcer à aider le pays à consolider le processus démocratique après les événements de l'année dernière. L'Union européenne appuie la recommandation du groupe ad hoc selon laquelle la CPLP, la CEDEAO, le système des Nations unies et l'Union africaine devraient continuer à coordonner leurs efforts pour consolider le processus démocratique et instaurer la stabilité dans le pays. La dimension régionale de la situation ne peut être ignorée.

Monsieur le Président,

9. L'UE salue la décision du PNUD de proroger le mandat du Fonds de gestion économique d'urgence jusqu'en juin 2005. Ce fonds permet de répondre aux besoins les plus urgents de la population et de financer les principales dépenses budgétaires ordinaires dans des secteurs importants. Il contribue également à promouvoir la transparence dans la fourniture de l'aide d'urgence et à amener les responsables à rendre compte de leur action. Cette prorogation permet à la communauté internationale d'aider le gouvernement à respecter ses obligations en situation d'urgence et à maintenir un environnement stable et sain jusqu'à l'élection présidentielle. Nous soutenons la recommandation figurant dans le rapport du groupe ad hoc selon laquelle des contributions généreuses et rapides à ce fonds sont nécessaires. Les États membres de l'Union européenne sont d'importants contributeurs à ce fonds, ainsi qu'à l'aide au développement à la Guinée-Bissau.

Monsieur le Président,

10. Dans son rapport, le groupe ad hoc reconnaît qu'il y a des signes de progrès en Guinée-Bissau. Le groupe a pris note des améliorations intervenues dans la gestion économique et financière. Le FMI a reconnu, dans son évaluation de la situation actuelle, que le ministère de l'économie et des finances continuait à réaliser des progrès satisfaisants pour rétablir un contrôle central sur le budget*. Le budget de la Guinée-Bissau a été approuvé par le parlement. La Commission des finances, qui contrôle les recettes et les dépenses, continue de fonctionner correctement et les préparatifs en vue de l'établissement du budget pour 2005 ont été menés à bien dans les délais prévus, et ce pour la première fois depuis plusieurs années. Il importe aussi de signaler que l'année scolaire 2004­2005 a débuté de manière normale, également pour la première fois depuis plusieurs années.

11. Ces signes de progrès montrent que le gouvernement a la volonté de répondre aux besoins fondamentaux de la population. La Guinée-Bissau continue toutefois de dépendre de l'aide financière extérieure. Actuellement, le gouvernement lui-même est dans l'impossibilité de verser de nombreux traitements. C'est pourquoi la table ronde des donateurs, prévue en décembre 2004, mais ajournée en raison des événements du 6 octobre, devrait se tenir dès que possible. À cet égard, l'UE se félicite de la tenue à Lisbonne, le 11 février 2005, d'une réunion des partenaires de la Guinée-Bissau visant à préparer cette table ronde.

12. L'Union européenne et ses États membres examinent différents moyens de répondre aux besoins financiers les plus urgents de la Guinée-Bissau. Tout d'abord, la Commission européenne recherche des solutions à très court terme pour aider la Guinée-Bissau à faire face à ses besoins des prochaines semaines et des prochains mois, afin d'éviter tout nouveau problème avant l'élection présidentielle. La Commission européenne examine aussi la possibilité de réallouer au pays tout ou partie des fonds d'appui budgétaire qui n'ont pu être décaissés fin 2004. Pour ce qui est de l'utilisation de ces fonds qui pourraient être réalloués, la Commission a besoin, pour étudier cette éventualité, des avis et propositions de la Guinée-Bissau. Par ailleurs, il est clair que cette opération n'est utile que si des réformes structurelles sont entreprises. En attendant, l'Union européenne a commencé à préparer un autre programme d'appui budgétaire, qui pourra être soumis aux instances décisionnelles et devenir opérationnel si le pays redevient éligible à un appui budgétaire à la suite d'un accord avec les institutions de Bretton Woods. L'Union européenne prend acte des rapports positifs établis par les institutions financières internationales, notamment le FMI, concernant l'évolution actuelle de la situation. La Commission européenne étudie également l'octroi d'un million d'euros au gouvernement de Guinée-Bissau pour faire face aux dégâts causés par la récente invasion de criquets.

Monsieur le Président,

13. Nous devrions continuer de suivre l'approche de partenariat international préconisée par le groupe consultatif ad hoc dans les efforts que nous déployons pour aider la Guinée-Bissau à s'orienter vers un avenir plus stable et prospère. L'Union européenne continuera de jouer son rôle dans cette perspective.

14. Depuis la création des groupes ad hoc, la question de la consolidation de la paix après un conflit a fait l'objet de longues discussions au sein des Nations unies. À cet égard, la recommandation du Groupe de personnalités de haut niveau visant à créer une commission pour la consolidation de la paix va dans le même sens que la volonté de l'Union européenne de régler la question du vide institutionnel, si souvent constaté, qui existe entre la fin de la violence armée et le retour à des activités de développement dans un environnement sûr.

Je vous remercie, Monsieur le Président.



Dernière mise à jour de cette page le : 07-03-2005

Haut de page Haut de page