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[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
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Discours
Déclaration au nom de l'UE au Conseil de Sécurité des Nations unies sur les problèmes transfrontaliers en Afrique de l'Ouest

Date du discours : 27-02-2005

Lieu : New York

Orateur : Jean-Marc Hoscheit, représentant permanent du Luxembourg auprès des NU

Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures


Monsieur le Président,

J'ai l'honneur de prendre la parole au nom de l'Union européenne. Les pays candidats à l’Union européenne, la Bulgarie, la Roumanie, la Croatie  et la Turquie, les pays du Processus de Stabilisation et d’Association et candidats potentiels, la Bosnie Herzégovine, la Serbie Monténégro, l’Albanie et l’ancienne République Yougoslave de Macédoine, ainsi que Islande et la Norvège, pays de l’AELE, membres de l’Espace Economique Européen, se rallient à cette déclaration.

Monsieur le Président,

L'Union européenne vous remercie, M. le Ministre pour l’organisation de cette réunion et remercie le Secrétaire général pour son rapport sur les moyens de combattre les problèmes sous-régionaux et transfrontaliers en Afrique de l'Ouest et salue les efforts déployés dans ce contexte par M. Ahmedou Ould-Abdallah, le Représentant spécial du Secrétaire général.  Le rapport expose les mesures prises ou envisagées afin d'élaborer une approche régionale intégrée de la prévention des conflits en Afrique de l'Ouest, seule approche viable, selon nous.

L'Union européenne, qui attache une grande importance à son partenariat avec l'Afrique et sa population, est déterminée à renforcer sans cesse ses liens avec l'Union africaine et les organisations sous-régionales. Nous estimons que la promotion d'une paix durable, sans laquelle il ne peut y avoir de développement socio-économique, constitue un des défis importants à relever par la communauté internationale.

Monsieur le Président,

L'Union européenne déplore que l'Afrique de l'Ouest reste en proie à des conflits armés qui compromettent le développement à long terme de la région dans son ensemble, sans parler des souffrances indicibles qu'ils infligent à la population. L'UE suit avec grande préoccupation l’évolution récente de la situation politique au Togo. Elle appelle au plein respect des libertés publiques et exige un retour immédiat à l'ordre constitutionnel et légal, afin d'ouvrir la voie à des élections libres et transparentes. Dans ce cadre, nous appuyons sans réserve les actions menées par l’Union africaine et la CEDEAO en vue de rétablir l’ordre constitutionnel et le processus démocratique. Quant aux perspectives d’avenir en Côte d'Ivoire, elles sont également une source d'inquiétude pour l'Union européenne, qui demande une nouvelle fois aux parties de progresser sur la voie de l’application intégrale des accords de Linas-Marcoussis et d’Accra III.

Monsieur le Président,

Permettez-moi d'insister sur trois aspects particulièrement importants, selon nous, dans le contexte de l'élaboration d'une approche intégrée et coordonnée de la prévention des conflits en Afrique de l'Ouest:

1. La nécessité de conjuguer les efforts pour faire face aux situations post-conflictuelles

Le rapport constate clairement qu'il est nécessaire que les différentes missions des Nations Unies collaborent et qu'un partenariat constructif s'établisse entre le système des Nations Unies, les partenaires du développement et la CEDEAO. Dans cet ordre d'idées, l'Union européenne se réjouit que des représentants des cinq missions de maintien de la paix et missions politiques des Nations Unies en Afrique de l'Ouest se réunissent périodiquement.

Avec la CEDEAO et l'Union africaine, les Nations Unies et l'Union européenne ont un rôle essentiel à jouer en Afrique de l'Ouest en matière de prévention des conflits et de consolidation de la paix et il est nécessaire qu'elles établissent un partenariat plus efficace. L'Union européenne note avec satisfaction que la mise en place de mécanismes reposant sur une collaboration véritable afin de régler les problèmes transfrontaliers a déjà commencé, dans le respect du principe de la maîtrise de son destin par l'Afrique. Elle attend avec intérêt le plan d'action qui sera présenté en juin 2005 par le groupe de travail conjoint UE-CEDEAO-UNOWA.

Un autre exemple positif est l'effort collectif qui sera entrepris cette année en vue de faciliter les mouvements transfrontaliers des personnes et des biens. Notre objectif commun, désormais, devrait être de faire en sorte que notre dialogue fonctionne mieux et de conjuguer les différentes initiatives, y compris à travers les efforts déployés par le Représentant spécial de la Présidence de l'UE auprès des pays de l'Union du fleuve Mano.

2. La nécessité de renforcer la mise en place de capacités régionales

En novembre 2004, l'UE a adopté un plan d'action relatif au soutien à la paix et à la sécurité en Afrique, qui traite essentiellement de la mise en place de capacités. Ce plan d'action recense les moyens pratiques qui permettraient d'aider concrètement les organisations africaines à se doter de capacités autonomes de prévention et de gestion des conflits, en complément des initiatives prises dans le cadre de l'accord de Cotonou et de la Facilité de soutien à la paix pour l'Afrique. L'UE invite ces organisations à présenter des propositions pour le renforcement à long terme des capacités. Un programme global de 10 millions d'euros destiné à renforcer les capacités en matière de prévention et de gestion des conflits est actuellement mis au point par la CEDEAO avec la participation des Nations Unies.

La CEDEAO, qui a déjà fait ses preuves dans le domaine de la prévention et de la gestion des conflits, est devenue une force de stabilisation dans la région. Le défi pour la CEDEAO reste d'intégrer des activités de gestion de crise à court terme dans une stratégie de prévention à plus long terme.

L'Union européenne intensifiera le dialogue politique avec la CEDEAO et ses États membres, notamment en ce qui concerne les politiques destinées à s'attaquer aux racines structurelles des conflits en vue d'une solution durable et le rôle de l'intégration économique régionale dans la promotion de la paix et de la sécurité.

3. La nécessité de remédier de toute urgence à certains problèmes transfrontaliers spécifiques

Dans son rapport, le Secrétaire général fait le bilan des efforts déployés pour traiter un certain nombre des principaux problèmes transfrontaliers. Si des progrès ont été accomplis, beaucoup reste à faire et, dans de nombreux domaines, une collaboration accrue et des efforts mieux ciblés sont nécessaires.

Nous avons ici même, il y a deux jours, examiné la question extrêmement importante des enfants touchés par les conflits armés.

La prolifération des armes légères demeure un facteur important d'instabilité et de conflit dans la région. Une action résolue et coordonnée s'impose. Au cours du débat ouvert sur les armes légères, qui s'est tenu la semaine dernière, l'UE a eu l'occasion de faire part de sa volonté de contribuer à mettre un terme au fléau que constitue l'accumulation incontrôlée des armes légères.

Si l'UE se félicite de ce que le Moratoire sur l'importation, l'exportation et la fabrication d'armes légères en Afrique de l'Ouest ait été récemment renouvelé pour trois ans, elle encourage également les efforts déployés dans le cadre du Programme de lutte contre les armes légères de la CEDEAO pour transformer le Moratoire en un instrument juridiquement contraignant.

L'Union européenne soutient également la recommandation du Secrétaire général visant à ce que le Conseil de sécurité envisage de donner aux missions de maintien de la paix le pouvoir et les ressources nécessaires pour surveiller et faire appliquer les embargos sur les armes ainsi que l'idée du marquage et du traçage des armes légères utilisées dans le cadre des missions de maintien de la paix.

Il conviendrait d'envisager de publier une liste pour dénoncer publiquement les particuliers et les entités qui enfreignent les embargos sur les armes et le Moratoire de la CEDEAO ainsi que de traduire devant la Cour pénale internationale les responsables d'activités criminelles liées à la traite des êtres humains et au trafic de ressources naturelles.

En ce qui concerne le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR), nous nous félicitons des efforts actuellement déployés par les diverses présences des Nations Unies en Afrique de l'Ouest pour trouver des moyens d'harmoniser les programmes et de supprimer les contradictions en vue de réduire les mouvements transfrontaliers de combattants et d'armes. L'UE estime elle aussi que la phase de réinsertion a une importance-clef pour le succès des programmes de DDR et lance un appel à l'intensification de l'aide internationale, y compris financière, en faveur de ce type d'activités dans des pays sortant d'un conflit, tels que le Libéria et la Sierra Leone. Il conviendrait en outre d'accorder une attention particulière aux programmes en faveur des enfants et des femmes soldats ainsi qu'à la création d'emplois.

L'importance de la réforme du secteur de la sécurité pour améliorer la gouvernance nationale et la qualité de la sécurité grâce à des modifications institutionnelles est évidente, au niveau tant national que régional. Il est possible de financer les projets de la CEDEAO dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité au moyen de la Facilité de soutien à la paix pour l'Afrique créée par l'UE, et nous encourageons la région de l'Afrique de l'Ouest à prendre des initiatives dans ce domaine. À cet égard, l'UE se félicite que le Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest ait l'intention de mettre en place des programmes intégrés au niveau régional avant la fin de 2005.

Monsieur le Président,

Le soutien qu'apporte l'UE à la paix et à la sécurité en Afrique de l'Ouest s'intègre dans une politique cohérente de l'UE à l'égard de l'Afrique. L'UE a affecté 235 millions d'euros à l'Afrique de l'Ouest dans le cadre du Programme indicatif régional (PIR) en cours, principalement dans les secteurs de l'intégration économique régionale et des transports. La stratégie intégrée à long terme de l'UE en faveur de l'Afrique de l'Ouest vise à établir une paix et un développement durables, grâce notamment à l'intégration économique et à la création d'une union douanière entre les pays membres de la CEDEAO. Dans le cadre de cette stratégie, la vulnérabilité des femmes et des enfants ainsi que le risque accru d'infection par le VIH/SIDA dans les conflits armés font l'objet d'une attention constante.

S'il incombe au premier chef aux dirigeants et aux communautés d'Afrique de l'Ouest de favoriser des progrès dans la région, permettez-moi de conclure en affirmant une fois de plus que les activités de l'UE se fonderont sur le principe d'une coopération et d'une coordination sans réserve avec tous les acteurs intervenant dans ce domaine, y compris les organisations de la société civile.



Dernière mise à jour de cette page le : 14-03-2005

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