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[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
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Aux origines de la diversification économique luxembourgeoise

Il y a à peine 150 ans, la région du Luxembourg était l’une des plus pauvres d’Europe:

  • un territoire obligé de payer des impôts à un souverain étranger;
  • un territoire d’où les paysans étaient obligés d’émigrer à cause de la mauvaise qualité du sol;
  • une capitale utilisée comme forteresse par ses occupants successifs (Espagnols, Français, Autrichiens et Prussiens), par conséquent incapable de s’imposer en tant que résidence des souverains, ville universitaire ou commerciale.

Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’Alzette, de la Sûre, de la Wiltz et de la Moselle. Aujourd’hui, le Luxembourg se situe au centre de l’une des régions économiques les plus riches et les plus dynamiques au monde. En plein cœur du centre économique de l’Union européenne, entre Londres et Milan, Francfort et Paris, le pays est désormais un centre financier et technologique de renommée mondiale.

Cette évolution est le résultat de:  

Une nation pauvre mais souveraine

Champs ,
ZoomChamps

Au Luxembourg, pays densément boisé, tout comme dans ses régions voisines des Ardennes (Belgique), de l’Eifel et de l’Hunsrück (Allemagne), l’agriculture n’était pas vraiment rentable, le sol était aride et les villages petits et pauvres. Au cours du XIXe siècle, des dizaines de milliers de Luxembourgeois furent contraints de quitter leur pays pour tenter leur chance au Nouveau Monde.

L’essor économique accompagna le chemin vers l’indépendance du pays, chemin long mais couronné de succès. Les principales étapes furent:

  • la révolution belge de 1830, menant à la séparation de la Belgique (et la Province de Luxembourg) et des Pays-Bas;
  • la séparation de la partie germanophone de la Province de Luxembourg et de la Belgique en 1839, faisant du roi des Pays-Bas le Grand-Duc du Luxembourg et établissant les frontières actuelles du pays;
  • le traité de Londres de 1867 censé éviter la guerre entre la France et la Prusse et proclamant le démantèlement des fortifications de Luxembourg ainsi que l’indépendance et la neutralité du pays;
  • la dissolution des liens monarchiques avec les Pays-Bas en 1890 et la mise en place d’une famille royale indépendante (la maison d’Orange-Nassau).

Une industrialisation rapide jusqu’en 1914

L’adhésion à l’Union douanière allemande en 1842 et la découverte de gisements de minerai de fer dans le sud du Luxembourg en 1843 posèrent les fondements de l’industrialisation. Établie en 1834 et dirigée par la Prusse, l’Union douanière allemande était une association d’États allemands appelée à réaliser une union économique. La production de fer et d’acier du pays connut une augmentation constante, atteignant 1,1 million de tonnes par an jusqu’à la Première Guerre mondiale. La construction ferroviaire dans les années 1860 et 1870, l’afflux de capitaux étrangers – notamment allemands – et une vague d’immigration menèrent à de profonds changements dans le pays. En dépit de cela, quelque 80 000 Luxembourgeois émigrèrent entre 1840 et 1907.

Sidérurgie ,
ZoomSidérurgie

Malgré les pressions étrangères, le gouvernement décida en 1880 que tout le minerai de fer extrait dans le sud du Luxembourg devait également être transformé dans le pays. Ceci témoignait de l’assurance de la jeune nation et déboucha sur une augmentation du nombre d’ouvriers et de mineurs, puisque celui-ci passa de 20% en 1870 à 40% en 1907. La population se concentrait de plus en plus dans le sud du pays (canton Sud et Luxembourg-Ville), où vivaient déjà 45% de la population avant la Première Guerre mondiale, par rapport à 26% en 1880.

Face à ce rapide développement économique, les mines et aciéries durent recruter des ingénieurs et travailleurs étrangers, d’abord Allemands, puis Italiens. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les étrangers représentaient 15,3% de la population.

L’agriculture bénéficia aussi de cette évolution: grâce à un procédé spécial, le minerai de fer luxembourgeois («minette»), riche en phosphate, fut transformé en engrais (Thomasmehl) et mis à la disposition des agriculteurs.

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, le réseau ferré et routier était bien développé, les liens avec l’économie allemande garantissaient un marché à l’industrie sidérurgique et toute une série de consolidations et de fusions en 1911 et 1912 menèrent entre autres à la création de l’ARBED (Aciéries réunies de Burbach-Eich-Dudelange) – une entreprise qui devait marquer l’économie du Grand-Duché jusqu’à la fin du XXe siècle.

L’économie dans la période trouble de 1918 à 1945

Sidérurgie ,
ZoomSidérurgie

L’essor économique du pays fut interrompu par la Première Guerre mondiale, qui mit également un terme à la neutralité du Luxembourg avec l’invasion de l’armée allemande, le haut commandement contrôlant le front français à partir du Luxembourg pendant quatre ans. Après la défaite de l’empire allemand, le Luxembourg quitta l’Union douanière allemande et, après avoir été rejeté par la France, forma une union douanière avec la Belgique (Union économique belgo-luxembourgeoise – UEBL). Suite à la disparition du marché allemand et du retrait des capitaux allemands, l’industrie et le commerce extérieur du Luxembourg durent s’adapter à cette nouvelle situation. L’industrie sidérurgique passa aux mains des Belges, des Français et des Luxembourgeois.

Dans l’entre-deux-guerres, les luttes pour les droits des travailleurs débouchèrent sur d’importantes réformes sociales (la journée de travail de huit heures, les allocations de chômage, les assurances maladie et pension). La création des délégations du personnel, du Conseil national du travail, de la Chambre de travail et la conclusion de plusieurs accords de conventions collectives établirent les bases d’une relation plus stable entre les entreprises et les salariés. Cependant, le début de la grande crise à partir de 1929, l’instabilité politique des années 1930 et finalement la Seconde Guerre mondiale menèrent l’économie luxembourgeoise au bord du marasme économique. Alors que dans l’entre-deux-guerres, le PIB n’augmenta en moyenne que de 1,6% par an, la population stagna à environ 260 000 habitants. Au cours de cette période, la main-d’œuvre étrangère servit de force régulatrice sur le marché du travail; le nombre de travailleurs variait en fonction de la situation économique sur le marché international de la sidérurgie ainsi que des besoins en main-d’œuvre industrielle.

Diversification et stabilisation jusqu’en 1975

La reconstruction du Luxembourg, pays ayant subi d’importantes destructions encore au cours des dernières semaines de la Seconde Guerre mondiale, fut suivie d’une nouvelle orientation de l’économie. Les liens transatlantiques noués pendant la guerre menèrent à des investissements et à l’installation d’usines par un certain nombre de grandes entreprises américaines. Le fabricant de pneus Goodyear, qui ouvrit son usine de Colmar-Berg en 1951, et le géant de la chimie DuPont, qui fournit le marché européen depuis 1962 à partir de Contern, ne sont que les représentants les plus visibles de cette évolution. Parmi les autres investisseurs se trouvent Astron (Diekirch), constructeur de bâtiments métalliques, temporairement Monsanto (Wasserbillig), fabricant de pesticides et d’insecticides; ensuite Husky (Dudelange), fabricant de systèmes de moulage à injection et Guardian Luxguard (Bascharage). La canalisation de la Moselle, la construction d’un aéroport international et l’électrification du réseau ferré furent autant d’atouts supplémentaires.

A partir des années 1960, l’agriculture perdit de son importance sur le plan économique, le secteur des services et de la fonction publique par contre en prit de plus en plus pour atteindre environ 40% du PIB.

Le groupe médias RTL (CLT) acquit une position dominante; dans l’entre-deux-guerres, il diffusait des émissions de radio à partir de Luxembourg, à partir des années 1960, il devint avec ses programmes en allemand et en français l’un des premiers contribuables du Luxembourg.

CECA ,
ZoomCECA

Dans les années 1960, lorsque des banques américaines utilisèrent la législation libérale du pays pour spéculer sur le marché des eurodollars, la vocation du Luxembourg comme centre financier commença à se dessiner. C’est ainsi que débuta l’ascension du pays sur la voie qui devait le mener à la 7e place des centres financiers les plus importants du monde. 

Le soutien enthousiaste apporté par le gouvernement à l’Union européenne fut également une étape décisive pour l’économie du Grand-Duché. En tant que membre fondateur de la Communauté européenne du charbon et de l’acier en 1952 et de la Communauté économique européenne en 1957 – les précurseurs de l’actuelle Union européenne –, le Luxembourg put rapidement mettre à profit la stabilité économique et politique qui suivit ces initiatives. Un certain nombre d’importantes institutions européennes, dont plusieurs services de la Commission, le Secrétariat du Parlement européen, la Cour de justice, la Cour des comptes et la Banque européenne d’investissement, s’installèrent au Luxembourg, offrant au pays la dimension internationale qui s’avérerait si avantageuse par la suite.

Essor, chute et réorientation de l’industrie sidérurgique au Luxembourg

Tout au long du XXe siècle, l’économie luxembourgeoise fut influencée par l’industrie sidérurgique. Entre 1950 et 1974, la production d’acier brut passa de 2,45 à 6,45 millions de tonnes par an; en 1975, 25 000 personnes travaillaient dans les exploitations minières et les aciéries, représentant 16% de la population active. En 1970, les immigrés représentaient 21% de la population active.

Activités industrielles ,
ZoomActivités industrielles

Toutefois, avec la première crise pétrolière de 1973, le choc de l’économie mondiale et la crise qui s’ensuivit dans l’industrie sidérurgique européenne, ce pilier de l’économie luxembourgeoise fut du coup menacé. La réaction à cette situation fut un effort national collectif pour sauver l’industrie. Des rencontres régulières entre le gouvernement, les employeurs et les représentants des travailleurs (le fameux «modèle tripartite» ou «modèle luxembourgeois») s’institutionnalisèrent, permettant à toutes les parties de s’unir pour trouver des stratégies communes afin de combattre la crise. Des programmes sociaux, des départs volontaires, des départs anticipés à la retraite et des programmes gouvernementaux de réinsertion professionnelle diminuèrent la main-d’œuvre de moitié au milieu des années 1980, et ce sans tensions sociales majeures. Les dernières mines fermèrent leurs portes, la production d’acier fut divisée par deux. A travers la Société nationale de crédit et d’investissement, l’État devint l’actionnaire principal de l’ARBED, et une modernisation conséquente de l’usine put ainsi être financée. D’anciens hauts fourneaux furent peu à peu remplacés par des fours électriques ultramodernes, transformant la ferraille en matière première.

Dans les années 1990, l’ARBED avait stabilisé sa situation et put de nouveau développer sa position sur le plan international. En 2002, l’entreprise fusionna avec l’espagnole Aceralia et la française Usinor pour former le deuxième groupe sidérurgique au monde, Arcelor, avec son siège au Luxembourg.

Une ville en pleine expansion et un centre financier (1980-2000)

Au sortir de la crise, le Grand-Duché connut un second essor économique dans les années 1980. Ce fut le secteur financier qui joua le rôle de moteur dans ce développement et contribua au passage rapide à une économie de services. Des taux de croissance bien supérieurs à la moyenne européenne procurèrent à la population une richesse matérielle et une sécurité sociale inégalées jusque-là.

Après la découverte, par les banques américaines, de l’utilité du Luxembourg en tant que base pour développer l’Euromarché, des banques scandinaves puis allemandes occupèrent dans les années 1970 d’importantes positions au sein de ce centre financier en expansion. En réaction aux politiques fiscales des pays voisins, les activités s’orientèrent vers le private banking dans les années 1980 et 1990. Parallèlement, le marché des fonds de placement se développa, marché au sein duquel le Luxembourg, grâce à une application rapide des directives européennes, put occuper l’une des toutes premières places. Aujourd’hui, le Luxembourg est, après les Etats-Unis, le deuxième centre au monde en matière d’organismes de placement collectif, gérant plus de 1 000 milliards d’euros d’avoir. Les compagnies d’assurance et de réassurance jouent elles aussi un rôle-clé sur le marché luxembourgeois.

Employés ,
ZoomEmployés

A l’heure actuelle, quelque 22 500 personnes, soit 10% de la main-d’œuvre nationale, sont employées par des banques et des compagnies d’assurance. Si l’on y ajoute les professionnels dépendant de ce secteur, à savoir les comptables, les conseillers financiers, les conseillers fiscaux et les juristes, leur nombre atteint 40 000 employés. Le secteur financier produit environ 25% du PIB et sa contribution au budget national dépasse largement les 30%. A la fin des années 1990, 220 institutions financières étaient officiellement enregistrées; suite à des fusions, leur nombre était de 167 en septembre 2004.

La vulnérabilité du Luxembourg, liée au poids écrasant de ce secteur économique, se fit cruellement ressentir fin 2000 et début 2001. Suite à la crise mondiale du secteur bancaire, les taux de croissance chutèrent de 9% en 2000 à 1,5% en 2001. Cependant, dans le cadre de l’harmonisation fiscale européenne, le pays put préserver sa tradition du secret bancaire, empêchant la perte d’avantages au profit de pays tiers.

Toutefois, le secret bancaire ne transforma pas le Grand-Duché en paradis fiscal pour argent recyclé. Au milieu des années 1990, des vides juridiques avaient été comblés et le Luxembourg appliqua une politique ferme pour protéger sa réputation et répondre aux critiques générales. Aujourd’hui, de tous les Etats européens, c’est le Luxembourg qui dispose des lois les plus sévères contre le blanchiment d’argent – en particulier l’argent de la drogue –, et qui a fourni le plus d’efforts dans la lutte contre les sources de financement du terrorisme. Il n’y a cependant pas que dans le domaine de la législation que le Luxembourg est depuis longtemps au-dessus de tout soupçon; de nouvelles autorités régulatrices (entre autres la Commission de surveillance du secteur financier) ont été créées et d’importantes ressources humaines ont été mises à disposition pour réduire les risques au maximum.

De nouveaux avantages en matière de transport, de communication et de technologie

A partir du milieu des années 1980, les domaines des transports et des communications se développèrent à une vitesse vertigineuse. Le nombre des personnes employées dans ce secteur passa de 11 000 en 1985 à 22 000 en 2001.

Dans l’industrie aéronautique, la compagnie de fret Cargolux affiche une réussite remarquable et est un opérateur de renommée internationale. La compagnie aérienne nationale Luxair a également contribué de façon substantielle à la croissance.

Astra ,
ZoomAstra

Plus récemment, le secteur des communications s’est développé de façon spectaculaire, avec notamment deux entreprises de premier plan: le groupe RTL et SES. La première n’était au début qu’une simple station de radio, puis se transforma en entreprise active dans l’audiovisuel de réputation internationale, faisant partie du grand groupe allemand Bertelsmann, tandis que la dernière, la Société européenne des satellites, fut créée en 1986 et gère les systèmes satellites ASTRA. En reprenant à son compte l’entreprise américaine GE Americom en 2001, SES a revêtu une dimension internationale. Le secteur des communications internationales connaît une phase de développement rapide et le Luxembourg, qui a récemment commencé à libéraliser son marché, est bien placé pour attirer les investissements nationaux et étrangers.

Grâce au taux de croissance élevé, la politique financière de l’Etat a apporté une contribution décisive au succès de l’économie luxembourgeoise. Malgré des taux d’imposition bas (TVA, impôt sur le revenu, charges sociales), une croissance élevée mène à des recettes fiscales élevées. La très faible dette nationale permet des taux d’imposition bas, entraînant des charges sociales peu élevées pour les employeurs et des salaires nets élevés pour les employés, d’où le caractère attrayant du Luxembourg. Ce dernier est un «petit» Etat, du moins proportionnellement à la richesse produite, ce qui constitue un atout supplémentaire.

L’avenir: la compétitivité par la compétence

L’économie extrêmement ouverte du Luxembourg est bien préparée pour affronter l’avenir dans un marché globalisé. Les privilèges passés propres au pays, tels que ceux qui donnèrent au secteur bancaire un avantage temporaire, ne jouent plus de rôle significatif. Le futur développement du centre financier luxembourgeois reposera sur des avantages liés à la compétence et au savoir-faire. La recherche et le développement sont des éléments-clés pour l’avenir et jouissent d’importants investissements, à la fois dans le secteur public (avec p.ex. le Centre de recherche public, la future Université du Luxembourg et Luxembourg School Finance) et dans le secteur privé (avec p.ex. IEE, leader mondial dans le secteur des capteurs pour l’industrie automobile, ou le centre de recherche Goodyear).

Les changements que connaît l’économie luxembourgeoise et la prospérité qui en résulte se répercutent sur les régions frontalières des pays voisins. Ainsi, quelque 110 000 personnes traversent ces frontières chaque matin pour venir travailler au Luxembourg. Elles représentent déjà un tiers de la main-d’œuvre. Dans l’ensemble du pays, les ressortissants étrangers représentent 39% de la population totale qui compte 450 000 habitants en tout. De par sa cohésion sociale, mais également de par son multilinguisme, le Grand-Duché de Luxembourg est aujourd’hui un exemple probant de la force d’intégration d’un modèle économique basé sur la croissance.




Dernière mise à jour de cette page le : 26-01-2005

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