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[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
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Discours
Déclaration au nom de l'UE sur la contribution de l’application du programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement à la réalisation des objectifs de développement convenus au plan international

Date du discours : 05-04-2005

Lieu : New York

Orateur : Anne Elsen

Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures


Monsieur le Président,

J'ai l'honneur de prendre la parole au nom de l'Union européenne. La Bulgarie, la Roumanie et la Turquie, pays candidats, l'Albanie, la Croatie*, l'ancienne République yougoslave de Macédoine et la Serbie-Monténégro, pays du processus de stabilisation et d'association et candidats potentiels, et la Norvège, pays AELE, membre de l’Espace économique européen, se rallient à la présente déclaration.

Je souhaiterais d'emblée réaffirmer l'engagement de l'UE en faveur du programme d'action du Caire et des actions clés pour la poursuite de la mise en œuvre du programme d'action de la CIPD. Nous sommes résolus à atteindre les objectifs qui ont été fixés lors de la CIPD et à continuer d'apporter notre concours à la réalisation des objectifs de la CIPD.

Aujourd'hui, alors que nous avons accompli plus de la moitié du chemin en ce qui concerne la mise en œuvre du programme d'action, et compte tenu du bilan qui est fait de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, il s'avère que, en plaçant la personne au centre des préoccupations, le consensus du Caire a été une étape importante en matière de développement. Le programme d'action du Caire a reconnu le droit à la santé sexuelle et génésique ainsi que l'autonomisation des femmes et l'égalité entre les sexes comme étant des éléments capitaux de l'effort global visant à favoriser le développement et à réduire la pauvreté. Les pays ont massivement réaffirmé leur engagement et leur adhésion à l'égard du programme du Caire lors des différentes manifestations qui ont eu lieu au niveau régional au cours de ces deux dernières années pour célébrer le dixième anniversaire de la CIPD.

À cet égard, l'UE tient à souligner qu'elle soutient résolument l'action du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). Nous insistons sur l'importance que nous attachons aux travaux de l’UNPFA, qui sont rigoureusement conformes au programme d'action du Caire. Le fait qu'en 2005 l’UNFPA pourra compter sur la contribution de plus de 150 donateurs, soit plus que toute autre agence des Nations Unies dont le financement est assuré sur une base volontaire, témoigne de l'intérêt porté à ses activités et de la confiance placée dans l'organisation, son mandat et son personnel ainsi que du soutien dont elle fait l'objet. En tant que principale agence chargée de la mise en œuvre du programme du Caire, l’UNFPA a besoin de ressources supplémentaires et prévisibles. L'UE encourage donc tous les États membres à contribuer au financement de ses activités de base.

Monsieur le Président,

Nous nous sommes tous engagés collectivement à garantir l'accès pour tous aux services de santé génésique d'ici 2015. L'accès à l'information et aux services en matière de santé sexuelle et génésique est un objectif défini au niveau international et une fin en soi. Garantir l'accès pour tous, sur une base volontaire, à une gamme complète d'informations et de services de qualité en matière de soins de santé génésique est un élément central du programme d'action de la CIPD; cela est par ailleurs indispensable pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement. Ce constat a été clairement établi lors des travaux réalisés par des experts dans le cadre du Projet du Millénaire et de l'ensemble de ses groupes de travail.

Ces travaux nous rappellent aussi que les questions de population et de développement sont indissociablement liées et que, dans certains pays, une croissance démographique rapide rend plus difficile la réalisation de l'objectif de réduction de la pauvreté et entrave les efforts qui sont déployés pour l’amélioration de la santé des femmes, des enfants et des hommes. L'accès aux services de santé génésique est absolument indispensable en ce qui concerne les efforts entrepris pour réduire la mortalité maternelle et infantile, prévenir la propagation du VIH/SIDA, promouvoir la santé et réduire la pauvreté. Cela est clairement reconnu dans le rapport du Secrétaire général intitulé "Dans une liberté plus grande", qui recense par exemple l'accès aux services de santé en matière de sexualité et de procréation comme une intervention essentielle visant à assurer l'égalité des sexes. Il ne sera tout simplement pas possible de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement, ni l'objectif global d'éradication de la pauvreté, si les objectifs de la CIPD ne sont pas atteints.

Alors que le monde concentre son attention sur les objectifs du Millénaire pour le développement, l'UE souhaiterait rappeler que les tendances démographiques ont un impact très important sur le développement économique et social. À cet égard, il a été clairement établi qu'une croissance démographique rapide constitue un obstacle considérable à la réalisation de l'objectif de réduction de la pauvreté, car elle entrave l'autonomisation des femmes et des enfants, ainsi que des hommes. La maîtrise de la croissance démographique constitue un instrument fondamental permettant de relever le défi de l'approvisionnement alimentaire de la planète et de la gestion des ressources environnementales vitales, telles que l'eau. L'accès aux droits et aux services en matière de santé sexuelle et génésique est la  principale clé permettant de garantir la maîtrise démographique, de réduire la mortalité maternelle et infantile, de prévenir une propagation exponentielle du VIH/SIDA, de mettre en place une action ciblée sur l'égalité entre les sexes, et de promouvoir la santé et la réduction de la pauvreté, en tant que cause et conséquence. Il nous faut absolument prendre conscience que la majeure partie des objectifs du Millénaire pour le développement ainsi que l'objectif global d'éradication de la pauvreté ne seront pas réalisés si les objectifs de la CIPD ne sont pas atteints.

La mise en œuvre de la CIPD peut permettre de limiter sensiblement la propagation du VIH/SIDA. Alors que l'Afrique subsaharienne compte à peine plus de 10 % de la population mondiale, presque deux tiers des personnes atteintes par le VIH dans le monde vivent dans cette région. En 2003, sur les trois millions de personnes mortes du SIDA dans le monde, 75 % étaient des Africains. Ces chiffres illustrent on ne peut mieux le lien entre population, VIH/SIDA et pauvreté, ce que nous constatons aussi dans les débats que nous menons ici cette semaine. Le fait que les femmes sont le plus durement touchées par le SIDA montre également qu'il est peu probable que des progrès puissent être réalisés dans le domaine de la prévention du VIH si les droits génésiques des femmes ne sont pas reconnus et respectés. Or il est évident que les services de santé génésique sont une clé de voûte de la prévention du VIH. Une réaction plus affirmée face au VIH/SIDA nécessite aussi d'accorder une place plus importante à la santé sexuelle et génésique.

Les produits de première nécessité en matière de santé génésique sont un instrument essentiel de la lutte contre la mortalité maternelle et infantile et la propagation du VIH/SIDA. Dans les pays en développement, environ 200 millions de femmes pauvres n'ont pas accès à une contraception efficace, accessible et d'un prix abordable. Avec un financement adéquat et en s'appuyant sur un partenariat efficace associant le secteur privé et la société civile, il est tout à fait possible de répondre aux besoins de ces femmes. Afin de pallier l'insuffisance de fonds la plus urgente, l'UE a contribué en 2004 pour plus de 80 millions de dollars au compte d'affectation spéciale pour les produits d'hygiène procréative mise en place par le FNUAP.

Les complications survenant au cours de la grossesse et de l'accouchement demeurent la principale cause de mortalité des femmes en âge de procréer dans les pays en développement et la mortalité lors de l'accouchement n'a pas diminué au cours des dix dernières années dans les pays les plus pauvres. Il nous faut également reconnaître que nombre de ces décès sont provoqués par des avortements pratiqués dans des conditions dangereuses. L'absence de protection de la maternité reste l'une des préoccupations majeures au niveau de la planète, à laquelle il convient de répondre d'urgence. Toutes les minutes, une femme meurt de complications liées à la grossesse ou à l'accouchement, souvent de causes qu'il aurait été facile de prévenir. Diminuer la mortalité maternelle signifie sauver des vies, faire reculer la pauvreté et améliorer les chances pour la prochaine génération.

Faire face à la demande de contraception non satisfaite pourrait largement contribuer à améliorer l'issue des grossesses et le choix des femmes. Il convient également de ne pas négliger les avantages que représente, pour la santé de l'enfant, un accès garanti des femmes à la planification familiale et à une contraception efficace. Afin de réduire la mortalité maternelle, nous devons continuer de mettre l'accent sur la mise à disposition de services de santé génésique et sexuelle intégrés, fondés sur les droits de l'homme, dans le cadre du système de soins de santé primaire. L'UE invite vivement les gouvernements à prendre des mesures appropriées pour aider les femmes à éviter l'avortement, qui ne doit pas être promu au rang de méthode de planification familiale. La contraception est le principal instrument de prévention des grossesses non désirées, mais de nombreuses femmes ne disposent pas de cette possibilité et risquent leur vie ou de graves problèmes de santé à la suite d'un avortement pratiqué dans des conditions dangereuses. Tous les gouvernements et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales compétentes doivent renforcer leur engagement en faveur de la santé des femmes, afin d'étudier l'incidence sur la santé de ce grave problème de santé publique que représente l'avortement pratiqué dans des conditions dangereuses et de réduire le recours à l'avortement en étendant et en améliorant les services de santé génésique et sexuelle.

L'inégalité entre les sexes continue d'être un obstacle à la mise en œuvre du programme d'action du Caire et des objectifs du Millénaire pour le développement. Nous devons investir davantage dans l'autonomisation des femmes en reconnaissant leurs droits et en leur permettant de faire des choix qui auront une incidence sur leur santé et leur qualité de vie ainsi que sur celles de leur famille. À cet égard, il conviendrait d'accorder une attention plus grande à la promotion de relations mutuelles, respectueuses et équitables entre les sexes et à la satisfaction des besoins éducatifs des adolescents et des jeunes afin de leur permettre de gérer leur sexualité de façon constructive et responsable. Il est important que garçons et filles puissent de la même manière prendre part et avoir accès à l'éducation sexuelle. Nous avons besoin d'une approche intégrée qui favorise l'autonomisation des femmes et contribue à améliorer leur qualité de vie. Une telle approche intégrée devrait inclure l'examen de questions telles que la promotion des droits de l'homme, la protection contre les mauvais traitements tels que les violences exercées contre les femmes, la traite des femmes, le mariage précoce et la mutation génitale féminine. En outre, un aspect essentiel des droits de la femme concerne, bien sûr, leurs droits en matière de procréation. L'autonomisation des femmes doit également porter sur la capacité des femmes à contrôler leur vie sexuelle et génésique, à l'abri des pressions, des menaces et des dangers. Voilà ce que nous avons reconnu au Caire et ce que nous devrions reconnaître à présent.

Les engagements de la CIPD et les objectifs du Millénaire pour le développement se renforcent mutuellement et devraient être pris en considération de façon intégrée. Le Projet du Millénaire définit l'objectif en matière de santé maternelle comme étant celui dont la réalisation est la moins avancée dans le monde et reconnaît l'importance de la santé sexuelle et génésique pour la prévention du SIDA, pour l'abaissement de la mortalité maternelle et infantile et, d'ailleurs, pour tous les aspects de la réduction de la pauvreté et du développement. Ce projet et les rapports de sa Task Force font des recommandations en matière de santé sexuelle et génésique qui, à notre avis, pourraient faire la différence et contribuer réellement aux efforts visant à avancer sur la voie de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Comme il est indiqué dans le rapport intitulé "Investir dans le développement", nous estimons que l'accès à des services de santé sexuelle et génésique est source de gains rapides pour le développement. C'est pourquoi il est important que la population ainsi que la santé et les droits sexuels et génésiques soient pleinement intégrés dans les politiques macroéconomiques, les politiques de développement durable, les stratégies de réduction de la pauvreté et les plans sectoriels.

Comme le souligne le Secrétaire général des Nations Unies dans son rapport intitulé "Dans une liberté plus grande", de solides systèmes de santé sont nécessaires pour assurer l'accès universel aux services de santé de base, notamment ceux de promotion de la santé en matière de procréation ainsi que de la santé infantile et maternelle et de lutte contre les maladies qui font des ravages comme le sida, la tuberculose et le paludisme. Des systèmes de santé plus solides sont essentiels pour servir de base à des services de meilleure qualité.

Des progrès au niveau des pays seront réalisés grâce à l'intégration du programme d'action de la CIPD dans des cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté s'inspirant des objectifs du Millénaire pour le développement et dans d'autres cadres de planification nationaux. Ces progrès permettront de rendre les ressources financières requises plus visibles dans les instruments de financement nationaux tels que les cadres de dépenses à moyen terme.

Le programme d'action du Caire est toujours insuffisamment financé et il faut assurer un accroissement substantiel de l'aide publique au développement (APD) pour atteindre les objectifs de la CIPD, de la CIPD+5 et du Millénaire pour le développement. L'UE, qui accomplit des progrès constants dans la mise en œuvre de ses engagements en matière d'APD, a en effet annoncé, lors de la Conférence internationale sur le financement du développement, que ceux de ses États membres, qui n'ont pas atteint l'objectif fixé par les Nations Unies de porter leur APD à 0,7% de leur RNB, s'engagent individuellement à augmenter le volume de leur APD dans les quatre années à venir, et ce, dans le cadre de leurs processus respectifs de dotation budgétaire.

M. le Président,

L'UE continue d'apporter un soutien ferme et indéfectible au programme d'action du Caire. Nous avons cherché à traduire cet engagement dans notre action et dans notre financement. Nous avons conscience de la relation qui existe entre les objectifs de la CIPD et nos efforts communs pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement. En 2005, nous atteindrons la première grande étape à l'horizon 2015. Il faut que nous continuions à avancer résolument et avec un engagement renouvelé vers la mise en œuvre du programme d'action du Caire. Il convient, dans ce contexte, de veiller à ce que cette commission adopte, tout comme les autres commissions de l'ECOSOC, une approche intégrée et qu'elle épaule les efforts collectifs consentis pour assurer le suivi des grands sommets et des principales conférences organisés par les Nations Unies, d'une manière qui favorise une mise en œuvre efficace des objectifs du Millénaire pour le développement et la réalisation de progrès en ce sens.

Les objectifs du Millénaire pour le développement ne peuvent être atteints si des progrès ne sont pas accomplis en ce qui concerne la réalisation de l'objectif du Caire relatif à l'accès universel à la santé et aux droits en matière de sexualité et de reproduction. Il convient de veiller à ce que les questions relatives à la santé sexuelle et génésique et aux droits connexes soient dûment prises en compte dans les résultats de la réunion de haut niveau de 2005, y compris ses objectifs et indicateurs de suivi.

Je vous remercie, Monsieur le président.

* La Croatie continue à participer au processus de stabilisation et d'association



Dernière mise à jour de cette page le : 08-04-2005

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