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[Luxembourg 2005 Présidence du Conseil de l'Union européenne]
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Communiqué
Transcription de la conférence de presse consécutive à la réunion ministérielle avec l’Iran, le 15 février 2005

Date de publication : 15-02-2005

Domaine politique : Affaires générales et Relations extérieures


Le Dr Kamal Kharrazi, ministre des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a visité le Luxembourg le 15 février 2005. Il était accompagné de Hamid Reza Asefi, vice-ministre des Affaires étrangères.

La délégation iranienne a été reçue par Nicolas Schmit, ministre délégué aux Affaires étrangères et à l'Immigration. Le Dr Kharrazi a également brièvement rencontré Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et de l'Immigration et actuel président du Conseil de l’Union européenne.

Suite à leur rencontre, Nicolas Schmit et Kamal Kharrazi ont tenu une conférence de presse commune. Voici la transcription intégrale de leurs déclarations :

Nicolas Schmit : Tout d’abord, j’aimerais vous dire que j’ai dû remplacer mon collègue Jean Asselborn, qui est à l’hôpital, mais que son Excellence le ministre des Affaires étrangères de l’Iran a tout de même pu le rencontrer. Un premier échange de vues avait déjà eu lieu avant que nous continuions notre discussion ici à Senningen.

Je suis très heureux et honoré d’avoir pu recevoir le ministre des Affaires étrangères de l’Iran et je peux dire que nous avons mené une discussion très fructueuse sur un certain nombre de sujets concernant pour la plupart les relations entre l’UE et l’Iran.

Comme vous le savez, l’UE et l’Iran se sont lancés dans un processus très important de discussions et de négociations relatives à la question sensible qu’est le nucléaire. Depuis la conclusion d’un premier accord en novembre à Paris, ces discussions se sont poursuivies au sein de trois groupes de travail, dont un consacré aux questions nucléaires, un autre traitant les questions économiques et techniques. Nous avons donc discuté des progrès qui ont été observés au sein de ces groupes de travail.    

Les discussions sur les questions nucléaires sont dirigées par trois Etats membres de l’UE, soutenus par le Haut représentant Javier Solana. L’UE en tant que telle apporte elle aussi une aide constructive à ces discussions. L’UE a donc en quelque sorte envoyé un signal très fort pour montrer qu’elle était capable de traiter, de façon très ouverte et par la voie diplomatique, des questions très compliquées telles que la non-prolifération et le développement du nucléaire à des fins pacifiques. Il s’agit d’une étape très importante.

Le fait d’avoir pu lancer et poursuivre ces négociations avec l’Iran est également une grande réussite pour la diplomatie européenne. Les négociations ne sont pas encore terminées. Comme je l’ai dit, nous avons franchi une étape importante en novembre mais nous devons toujours parvenir à un accord à long terme sur ces questions. Nous nous rapprochons de certaines des échéances qui ont été fixées, et nous devons désormais travailler très dur pour parvenir à un accord.

Outre ces questions nucléaires, nous nous sommes aussi beaucoup concentrés sur le développement des relations économiques entre l’UE et l’Iran. L’Iran est une économie très importante, non seulement de par ses ressources naturelles considérables mais également de par son potentiel économique élevé. Je pense que nous souhaitons vraiment créer un nouveau partenariat économique UE - Iran. C’est un élément fort dans l’établissement de la confiance entre l’UE et l’Iran. La reprise de ces négociations a été une étape capitale. Je suis sûr que nous progresserons très rapidement sur ce plan.

Il existe bien sûr un lien très fort entre la question du nucléaire, les questions d’ordre économique et une troisième question, dont nous avons également discuté, à savoir la question des droits de l’homme. Nous menons un dialogue avec l’Iran sur ce sujet. Comme je l’ai déjà dit au ministre, il s’agit d’un dialogue entre amis. Nous n’avons à cacher ni nos divergences ni nos différences, mais il faut que ce dialogue améliore la situation. Je pense pouvoir dire que nous sommes d’accord sur le fait que ce dialogue est une partie importante des relations bilatérales entre l’UE et l’Iran.

Kamal Kharrazi : Votre exposé a été très complet et je pense ne rien avoir à ajouter. J’aimerais simplement mentionner que nous avons également discuté de la situation en Irak, des perspectives de développement après les élections, du genre de soutien que mon pays peut apporter aux Irakiens pour surmonter [inaudible], du rôle joué jusqu’à présent par l’Iran pour aider l’Irak à se développer, comme également celui joué en Afghanistan.

Au-delà de ces questions, nous avons aussi discuté de la coopération régionale qui doit être développée en termes de mécanismes de sécurité ainsi que de [inaudible] liens économiques dans cette région pour renforcer des relations de cohésion et de cohérence entre les Etats de cette région. Nous avons donc parlé de toutes ces questions.

Je suis certain que l’UE peut jouer un rôle considérable dans cette région du monde en matière de travail de persuasion et d’aide et de soutien aux initiatives régionales. A cet égard, l’Iran peut être le partenaire de l’Union européenne, non seulement sur le plan économique mais aussi sur les plans politique et sécuritaire. Nous misons par conséquent sur une large relation avec l’UE. Cette relation ne se limite pas à des déclarations sur la technologie nucléaire mais sera étendue à une coopération en matière d’économie et de sécurité. Nous sommes donc assez confiants et prêts à renforcer nos liens avec les pays européens.

[Question concernant un rapport de l’AIEA, selon lequel il n’existe aucune preuve que l’Iran produit des armes nucléaires.]

Nicolas Schmit : Il ne s’agit pas pour l’Union européenne de faire pression sur l’Iran. Nous nous sommes engagés dans un dialogue ouvert et nous savons parfaitement que le rapport de l’AIEA auquel vous faites référence n’a apporté aucune preuve. Nous nous en tenons donc là. J’ai souligné, et nous avons discuté de cette question, que l’Iran avait accepté les contrôles. J’ai également demandé au ministre de ratifier le protocole additionnel de l’AIEA. C’est donc une question de dialogue. C’est la voie que nous avons choisie pour traiter cette question.

Je rejette tout parallèle entre l’Iran et la Corée-Du-Nord. Je pense que nous nous dirigeons vers un accord durable et à long terme sur cette question. Nous devons renforcer la confiance sur ce sujet. Et je suis sûr que si nous y parvenons, ce sera un élément très fort d’une politique globale de non-prolifération, très importante pour la stabilité de la communauté internationale.

[Question concernant le calendrier pour un accord avec l’Iran sur la question nucléaire.]

Nicolas Schmit : Je pense que nous devons être optimistes. L’échéance est la fin du mois de mars. Nous avons donc encore quelques semaines devant nous. Des négociations ont eu lieu la semaine dernière et reprendront bientôt.

Je suis assez confiant dans notre capacité à parvenir à un accord car je pense que ce serait, comme je l’ai dit, un signal très fort envoyé à la communauté internationale pour montrer que l’UE – c’est-à-dire les trois pays la représentant – et l’Iran peuvent conclure un tel accord. La dynamique pour y arriver est très forte. Je pense que nous y parviendrons, et nous disposons d’une base solide pour cela, à savoir l’Accord de Paris, mais peut-être le ministre peut-il ajouter quelque chose.

Kamal Kharrazi : En effet, nous n’avons pas perdu espoir. Nous faisons de notre mieux. Les deux parties doivent être plus sérieuses pour parvenir à un compromis qui pourrait se traduire par des résultats concrets et tangibles d’ici la mi-mars, ce qui correspond à la fin des trois mois de négociations. Cependant, nous avons encore deux mois pour progresser au sein des groupes de travail. A la mi-mars, une réunion des trois comités aura lieu pour évaluer le processus. Nous espérons qu’à ce moment, nous disposerons de résultats tangibles.

Je pense que les deux parties doivent être plus sérieuses. Elles doivent s’en tenir à l’Accord de Paris et éviter les déclarations potentiellement provocantes et déstructrices, pour organiser des séances sur les problèmes avant de parvenir à une évaluation finale au mois de mars.

[Vous avez déclaré que les deux parties devaient être plus sérieuses. Pouvez-vous préciser ? En quoi l’Union européenne doit-elle être plus sérieuse, et où espérez-vous des progrès ? Vous avez parlé des deux parties. En quoi l’Iran doit-il être plus sérieux ?]

Kamal Kharrazi : Si nous nous basons sur l’accord conclu à Paris, trois groupes de travail ont été créés : le premier consacré aux questions nucléaires, le deuxième aux questions politiques et sécuritaires, et le troisième aux questions économiques et technologiques. Nous sommes censés travailler en étroite collaboration au sein de ces groupes de travail et prendre des mesures pratiques pour parvenir à des accords qui établiront la confiance entre les deux parties.

Dans le domaine de la coopération économique par exemple, nous nous sommes intéressés à l’ouverture du marché iranien aux investissements européens. Parallèlement, nous nous attendons à ce que l’Union européenne ouvre son marché et opère un transfert de technologies vers l’Iran, pour que nous disposions des éléments nécessaires à notre développement. Par conséquent, quand je parle de sérieux, je fais référence à des négociations permettant de prendre des mesures pratiques par la suite. Cela ne sert en effet à rien de se réunir et de discuter de généralités si cela ne débouche sur rien de concret.

Sur le plan politique, nous espérons également que les deux parties s’engageront dans de profondes négociations politiques qui nous aideront – en tant que partenaires – à désamorcer les problèmes et à résoudre la crise.

Sur les questions technique et nucléaire, les deux parties se sont aussi engagées dès le début à donner des garanties objectives que l’Iran ne chercherait pas à produire des armes nucléaires, et – de la part de l’Union européenne – des garanties adéquates que l’Iran bénéficierait d’une coopération économique et d’un transfert de technologies dans tous les domaines. Les deux parties sont donc censées discuter pour parvenir à ce système de double garantie. Ces discussions sont en cours, mais certains aspects sont encore à développer avant que ces mécanismes ne soient prêts.

Nous ne sommes pas pessimistes. Nous sommes optimistes. Pour être honnêtes, cela signifie plus d’efforts, de sérieux et de gain de confiance pour que, à la mi-mars, ces discussions soient considérées comme un processus fructueux et positif. Nous devons donc vraiment faire plus d’efforts et nous montrer plus sérieux.




Dernière mise à jour de cette page le : 16-02-2005

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